NAZARETH ET NAZARÉEN

Étude sur Nazareth et le Nazaréen.

  • Source Q : Il est dit qu'« après l'épreuve des tentations Jésus retourna à Nazareth. »

Je reprends donc Luc : (ch 4 v16-19) et Matthieu : (ch 4 v13).

Le selon Luc :

« Et il vint à Nazareth où il avait été élevé; et il entra dans la synagogue au jour du sabbat, selon sa coutume, et se leva pour lire. 17 Et on lui donna le livre du prophète Ésaïe ; et ayant déployé le livre, il trouva le passage où il était écrit : 18 "L'Esprit du *Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres ; 19 il m'a envoyé pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour renvoyer libres ceux qui sont foulés, et pour publier l'an agréable du *Seigneur".

Le selon Matthieu :

« Et ayant quitté Nazareth, il alla demeurer à Capernaüm, qui est au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephthali, »

Nazareth : en hébreu : נצרת (Nāṣereth) signifie : "verdoyant, germe, rejeton " ou "protectrice, gardienne"

Beaucoup de choses ont été écrites sur Nazareth et pourtant nous en savons très peu sur ce village de Galilée à l'époque du Christ.

Certes aujourd'hui Nazareth est la plus grande ville de la Galilée, et probablement aussi la plus fréquentée par les touristes chrétiens. Selon les Évangiles, il s'agit de la « patrie » de Jésus et, comme ailleurs en Terre sainte, les chrétiens n'ont pas manqué de chercher à établir des rapprochements avec certains passages bibliques.

Que dit l'archéologie :

La construction de la basilique de l'Annonciation date du milieu du XXe siècle. Lors des travaux, des fouilles archéologiques ont eu lieu, et elles ont mis au jour les vestiges d'une église croisée datant du XIIe siècle, et d'une église byzantine datant du Ve siècle, ainsi que quelques vestiges datant du Ier siècle, comme des fondations d'habitations, des aires d'entreposage, des silos et des presses à huile. La basilique a été construite de façon à ce qu'il soit possible d'observer ces restes archéologiques depuis l'esplanade.

Ken Dark, un archéologue britannique affirme -- sans y apporter de preuves probantes toutefois,-- qu'une maison taillée dans le flanc d'une colline à Nazareth, en Israël, érigée de murs de pierres et de mortier qui daterait du premier siècle de notre ère, pourrait être la maison où Jésus a été élevé par Marie et Joseph. Beaucoup d'autres chercheurs restent plus prudents et sont beaucoup plus sceptiques.

À l'époque romaine, donc au temps de Jésus, ce hameau plus qu'un village et encore moins une ville, ne comptait que quelques familles, le village était accrochée à un mamelon rocheux et isolé, qui ne dépassait pas beaucoup le site de l'église de l'Annonciation et ses environs immédiats.

Des grottes creusées dans ce roc et sous les maisonnettes servaient de caves, et même parfois de lieux d'habitation peut-être même de synagogue. Entre les maisons, on aménagea dans le même sol rocheux des silos à grains, des pressoirs, des citernes ; quelques tombes ont été aussi repérées.

C'est au-dessus d'une de ces petites maisons, munie de sa cave-grotte, que des chrétiens construisirent une première petite église. Il n'en reste que quelques fondations de murs, et de bons morceaux de sols en mosaïques, dont les motifs comportent des croix. Elle a donc dû être construite avant 427, car c'est à cette date que Théodose II défendit de mettre des croix sur le sol des églises.

Nazareth au sans spirituel.

Nazareth = « verdoyant, germe, rejeton » ou « protectrice, gardienne ».

Nazareth est un nom latinisé. Il s'écrit : נצרת Natzrat en hébreu. Cela a son importance car la racine de ce nom n'est pas (Nazir) comme beaucoup l'ont écrit mais mais נצר (Netser) ce qui veut dire : pousse, rejeton, branche, et qui vient de נצח (Netsah) dans le sens de verdure comme couleur frappante.

Un Nazir est une personne consacrée à Dieu, il ne doit pas se couper les cheveux ni la barbe et de plus il doit s'abstenir de vin et de toute boisson alcoolisée et même ne pas manger de raisin. Quand on connaît l'importance du vin dans les Évangiles, les noces de Cana et les paraboles sur la bonne vigne, et les vignerons on ne peut qu'admettre que Jésus n'a rien de ce que l'on peut dire d'un Nazir. Par contre Jean Baptiste était nous l'avons vu un Nazir. Donc la ville de Nazareth n'a rien à voir avec le fait d'être une ville ou un village de Nazir.

Par contre, il faut retenir le nom hébreu de נצרת Natzrat. Ici on a affaire pour le son (ze ou se) à un (tsadé) צ et non pas à un (zayin), ז ce qui change tout.

(tsadé) צ est la dix-huitième lettre de l'alphabet hébreu elle correspond au son : "ts" et se rapproche ainsi de la lettre "T" des alphabets occidentaux. Sa valeur numérique est 90 et son sens principal : "L'ancre" - "L'hameçon" - "le juste".

Ces deux têtes sont des "Yod" qui se font face et qui évoquent la figure double de la dualité, de l'androgynie, les deux visages des séraphins qui se font face sur l'Arche d'Alliance. La lettre devient ainsi une ligne de partage entre le monde actuel et le monde à venir.

Le Symbolisme.

La lettre "Tsadé" symbolise l'acceptation d'une sublimation dans le but d'accéder à un autre niveau d'existence ou de conscience, ou bien un changement de cycle. Cette transformation peut se réaliser de diverses manières : par le processus de la mort qui conduira vers une existence spirituelle ou, plus prosaïquement, par l'évolution à travers une chaîne par laquelle nos actes permettront, au-delà de nous, à d'autres actes de se perpétuer. C'est, par exemple, l'image de la chaîne alimentaire, dans laquelle la vie d'un règne de la nature nourrit un autre règne, afin qu'une vie en entretienne une autre. L'idéogramme de cette lettre évoque un hameçon permettant de pêcher et de se nourrir.

Le "Tsadé" est également un symbole de droiture, de justice, de moralité, de charité, de lumière et d'énergie. Il symbolise l'objectif que l'on se fixe. Cette lettre nous enseigne aussi que la Vie et la Mort font partie d'un même cycle cosmique.

Le (tsadé) צ est introduit par un (נ ) (Noun) qui est la 14ème lettre de l'alphabet hébreu elle correspond au "N" des alphabets occidentaux. Sa valeur numérique est 50 (nombre de l'accomplissement et du renouveau).

Sa symbolique :

Généralement, cette lettre représente un "poisson » alors que la lettre suivante est (tsadé) צ qui symbolise l'hameçon, mais certains, s'appuyant sur la lettre éthiopienne, y retrouvent l'image d'un serpent d'eau. Il est vrai qu'en hébreu le serpent commence par un "Noun". Le serpent introduit dans la Bible le péché dans le jardin d'Éden. Il symbolise à la fois les principes du mal et du salut. C'est une lettre de fécondité et de prolifération.

Noun est la réversibilité et l'émergence, l'harmonie des mixtes, toutes les créations produites ou, plus exactement, tout ce qu'une graine produit (rejeton, germe). Le Noun ouvre des perspectives d'espoir, de rachat et de résurrection, il est le symbole du fondement. Il évoque ce qui est caché ou englouti dans les profondeurs.

Sens dérivés :

Le caché, l'intime, le féminin, germe de vie, naissance à venir, accroissement.

Le (tsadé) צ est suivi d'un ר rèch et c'est la vingtième lettre de l'alphabet hébreu. Elle correspond à la lettre "R" des alphabets occidentaux, sa valeur numérique est 200

Sa symbolique :
Resh, c'est la tête en hébreu et dans de nombreuses langues sémitiques. Resh, c'est le Raïs qui désigne un chef de file au Moyen Orient. Dans l'univers hébraïque, la tête est le début de toute chose le commencement le Livre de la Genèse commence par רֵאשִׁית. (Résh-eth) « En tête ». La tête est le siège de l'intelligence, de la volonté et de la conscience. Le Resh est aussi le sommet, l'humilité. Il est le renouvellement des choses par la destruction et la régénération. Comme le Beth, qui regarde vers la gauche, c'est-à-dire dans le sens de l'écriture, le Resh s'ouvre vers l'avenir.
Le Resh est la projection des Forces Divines, la totalité de l'Univers, les myriades d'étoiles et toutes les planètes, les idées qui s'imposent sans se laisser contrôler. Cette lettre est un passage par lequel l'Homme peut s'élever. Resh est le symbole de la pensée, de l'intellect, de l'énergie mentale, du déclenchement.Sens dérivés :
Cerveau, crâne, création, commencement, nouveau, premier, Genèse.

La dernière lettre est le ת « tav » c'est la vingt-deuxième lettre de l'alphabet hébreu. Elle correspond à la lettre "T" des alphabets occidentaux, sa valeur numérique est 400 et son sens principal est "la croix", "le signe".
Le "Tav" ( la croix - deux bâtons croisés, signe d'origine du Tav) est un des plus anciens signes de l'humanité, on le trouve déjà tracé dans les grottes préhistoriques, il est également un des plus anciens graphes égyptiens. Tav est la "marque", le sceau divin :
"Le premier signe mentionné par l'Écriture (Genèse 4:15)"

La lettre phénicienne est à l'origine du tau (Τ, τ) de l'alphabet grec, du T (T, t) de l'alphabet latin et du Te cyrillique. Or Jésus fut crucifié dur un T (tau) romain qui est aussi appelé la croix.

Sa symbolique :
Dernière lettre de l'alphabet hébreu, elle représente l'aboutissement de la Création et la totalité des choses créées. Il est l'aboutissement de tout un enseignement, de toute une initiation, un pas à pas vers la perfection. Tav est le résumé de tout en tout, la science intégrale de l'absolu, le mystère se révélant directement à l'âme. C'est aussi la croix symbolisant l'ensemble et la fin du chemin.
Tav, c'est l'absolu, la perfection du créé. C'est la vérité, la perfection et l'aboutissement du chemin. Cette lettre majeure écarte toute possibilité de repousser un acte, et rend le futur présent.
En tant que symbole, Tav représente la vibration par laquelle l'inexprimé et le non-dit se libère, c'est l'intégration de la conscience originelle, l'extrémité, l'accomplissement, le point culminant.
Le nombre 400 de Tav est le plus élevé de la série alphabétique. Il est le sommet numérique.Sens dérivés :
Marque, symbole, rencontre, alliance, perfection, achèvement, précision, trace, souffle et sang, vide créateur.

Après toutes ces explications on comprend que l'évangéliste nomme cette ville qui symbolise le Christ dans tous ses aspects, Jésus ne pouvait pas habiter ailleurs qu'à Nazareth.

Le : (נ) (noun) symbole du poisson qui devient le symbole des premiers Chrétiens, mais aussi du serpent qui porte le péché, tout ce qu'une graine produit (rejeton, germe) renvoie aux paraboles de Jésus. Le Noun ouvre des perspectives d'espoir, de rachat et de résurrection image même de Jésus Christ.

Le : צ (tsadé) l'hameçon du pêcheur « vous serez pêcheur d'homme » symbole de droiture, de justice, de moralité, de charité, de lumière et d'énergie une bonne partie de ses disciples étaient des pêcheurs du lac de Tibériade.

Le : ר (resh) la tête en hébreu Christ est la tête de l'Église. Il est le renouvellement des choses par la destruction et la régénération. Le Resh est la projection des Forces Divines, la totalité de l'Univers, cette lettre est un passage par lequel l'Homme peut s'élever.

Le ת « tav » symbole de la croix Tav est la "marque", le sceau divin, elle représente l'aboutissement de la Création et la totalité des choses créées donc représente la Parole de Dieu puisque Dieu créa par sa parole.

En Luc (ch2, v 1-35) , on voit Joseph aller de Nazareth à Bethléem pour le recensement, où naîtra Jésus ; puis avec Marie et l'Enfant-Jésus ils montent à Jérusalem. Or seules les deux villes de Bethléem et Jérusalem ont une valeur messianique, mais pas Nazareth semble-t-il ! Alors pourquoi en tirer un nom messianique ?

Par ce que nous venons de le voir le nom du village tient en germe tout ce qui a trait au Messie.

Donc Nazareth rassemble « en germe ou en symboles » tout ce qui figure le Messie annoncé par les prophètes, et ce Messie ne pouvait habiter ailleurs qu'à Nazareth. C'est bien ce que nous dit Matthieu : et vint s'établir dans une ville appelée Nazareth ; pour que s'accomplît l'oracle des prophètes » et on pourrait ajouter : « que celui qui a des oreilles pour entendre entende ».SelonErnest Renan cette ville de Nazareth était fantomatique. Car cette ville de Nazareth n'est citée ni dans l'ancien Testament, ni dans le Talmud, ni chez Paul, ni chez aucun historien. Et pour cause ! Nazareth est l'image donnée par les prophéties sur le Messie et ignorée comme le village et comme Messie dans les écritures, et ne correspond en rien à ce que les Juifs se faisaient du Messie, ce Messie attendu n'était pas du tout à l'image de Jésus de Nazareth, donc Nazareth en tant que ville ou village doit être ignoré, caché, et l'on comprend le dire de Jésus en : Matthieu 5 :

« ...14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; » Et en réponse un peu plus loin Matthieu 13 :

« ...12 Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. 13 C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent ni ne comprennent. 14 Et pour eux s'accomplit cette prophétie d'Esaïe : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.... »

Isaïe chapitre 11, 1et 2 texte Massorétique :

וְיָצָא חֹטֶר, מִגֵּזַע יִשָׁי; וְנֵצֶר, מִשָּׁרָשָׁיו יִפְרֶה.

1 Or, un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton poussera de ses racines.

וְנָחָה עָלָיו, רוּחַ יְהוָה--רוּחַ חָכְמָה וּבִינָה, רוּחַ עֵצָה וּגְבוּרָה, רוּחַ דַּעַת, וְיִרְאַת יְהוָה.

2 Et sur lui reposera l'esprit du Seigneur: esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte de Dieu.

Mais est-il judicieux de tirer Nazaréen du village de Nazareth ?

Habituellement nous faisons dériver le nom de Nazaréen donné à Jésus de la ville où il habitait et dont ses parents étaient originaires : Nazareth. Cela est-il judicieux ? Car en ce cas que faut-il entendre dans ce verset de Matthieu : « et vint s'établir dans une ville appelée Nazareth ; pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé Nazôréen. » Or dans l'ancien Testament jamais Nazareth n'est mentionné on ne retrouve aucune prophétie sur un Nazôréen.

Alors Matthieu se serait-il trompé ?

Non car dans le livre du prophète Ésaïe, l'on trouve toute, une phrase (chap. XI, vers. 1) : « Il sortira un rejeton du tronc d'Isaï (Isaï ou Ishaï ou Jessé est le père de David et a habité la ville de Bethléem de Judée) et un surgeon (ou rameau), - en hébreu : netzer, - naîtra de ses racines. »

C'est ce texte d'Ésaïe que le Selon-Matthieu aurait traduit par le grec : « Il sera appelé Nazaréen ». La traduction, version synodale, des Évangiles, publiée sous les auspices de la Société biblique de France, après avoir signalé le texte d'Ésaïe, ajoute, en commentaire au texte du Selon-Mathieu : « D'autres voient ici une allusion au mot Nazir »

C'est une explication mais Matthieu nous parle d'oracle des prophètes ou l'oracle des prophéties.

Un oracle est une personne pratiquant la divination. Mais, d'après le dictionnaire Robert, la première définition est : " Volonté de Dieu annoncée par les prophètes et les apôtres.". En fait, qu'il soit employé par rapport à la tradition judéo-chrétienne, ou dans le contexte du paganisme, le vocable provient du latin orare (parler), lui-même en rapport avec la bouche (os, oris). Donc Matthieu nous dit: « la parole de Dieu annoncé par des prophètes ». Retenons ce mot : « paroles de Dieu » Comme le mot prophète est au pluriel on doit trouver au moins une autre citation dans l'Ancien Testament auquel Matthieu relit l'épithète Nazaréen.

Les exégèses sont souvent d'accord pour dire que le selon Matthieu grec à pour origine une version araméenne aujourd'hui perdue.

Faisons ici, une remarque d'ordre philologique.

Quand les traductions portent Jésus de Nazareth, que nous comprenons comme Jésus de la ville de Nazareth, il faut savoir que le texte grec dit : Nazôraios ou Nazarènos et le texte latin : Nazareus. Pour être exactes, sans risquer une équivoque, les traductions devraient porter : Jésus Nazaréen, et non Jésus de Nazareth. Les exemples abondent (Matt., XXVI, 71 ; Marc, 1, 23 ; XIV, 67 ; Luc, IV, 34 ; XXIX, 19 ; Jean, XVIII, 5, etc.). Et jusque sur l'écriteau de la croix (Jean, XIX, 19).

Que penserait-on si, parce que l'apôtre Paul, sous le nom de Saül, fut pharisien, ou avait traduit, au lieu de Saül le Pharisien, Saül de Pharis ? Les exégètes sans doute prendraient Pharis pour une ville. Si Nazareth ou Nazaret, avec la finale th ou t, la ville, en hébreu, en grec, en latin, en français, les adjectifs formés pour qualifier les habitants de cette ville ne peuvent être, ni pour le grec, ni pour le latin, ni pour le français tout au moins, Nazôraios ou Nazarènos, ni Nazareus, ni nazaréen. La chute du th ou du t final est inexplicable, contraire à toutes les règles savantes ou populaires de la phonétique et de l'étymologie.

Un habitant de Nazareth, en latin, serait dit, non pas même Nazarethus ou Nazaretheus, mais bien sûrement Nazarethanus, en français Nazarethain, - avec ou sans h -

Ce qui est certain, c'est que le village plus qu'une ville a bien existé, l'archéologie en apporte la preuve, celui-ci n'a pourtant laissé aucune trace dans la littérature pré évangélique, ni même dans la littérature contemporaine du premier siècle hormis dans les Évangiles. On peut donc penser que ce village ne présentait aucun intérêt particulier. Comment un village insignifiant peut-il avoir dans les Évangiles deux orthographes différentes : Nazareth et Nazara ?

Examinons la citation dans laquelle Matthieu met en relation Nazareth et Nazaréen. Le passage est long et je ne citerai que les passages important pour les prophéties mentionnées :
« Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, (...) Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et il s'enquérait auprès d'eux du lieu où devait naître le Christ. « À Bethléem de Judée, lui dirent-ils ; ainsi, en effet, est-il écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, (...) » (...) Après le départ des Mages, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte...et il resta là jusqu'à la mort d'Hérode (...) » ; pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : D'Égypte j'ai appelé mon fils. Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, fut pris d'une violente fureur ...Alors s'accomplit l'oracle du prophète Jérémie : « Une voix dans Rama s'est fait entendre (...) ». Quand Hérode eut cessé de vivre, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Égypte, et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d'Israël » ; (...) et vint s'établir dans une ville appelée Nazareth ; pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé Nazôréen. »

Comme on le constate, les trois premières prophéties sont clairement étayées par la citation du prophète en question : Michée, Osée, Jérémie. En revanche pour la dernière prophétie, l'auteur préfère renvoyer à plusieurs prophètes. Comme nous le savons, aucune prophétie ne rapporte ce qui est affirmé dans le texte de Matthieu. Matthieu pourrait nous l'avons vu faire référence à Isaïe ch11, v1 : « un rameau surgira du tronc de Jessé, et un rejeton (néçer) de ses racines fleurira ». où néçer semble bien en quelque sorte en relation avec Nazaréen ; mais alors : est-ce le mot néçer qui a fait venir l'idée de Nazareth, ou bien le nom de la ville a-t-il été associé à un mot trouvé dans un texte célèbre et de caractère éminemment messianique ? L'interprétation reliant Nazaréen à Nazareth est pourtant une manière de faire, chère aux rabbins narrateurs de cette époque ; dans la terminologie araméenne du Talmud, on appelle cela  אֲצמָכחתַ בּא אֲלםֲ asmakhtâ be'almâ qu'on peut traduire par « appui générique » : ( pour harmoniser Loi Orale et Loi Écrite, mais non pour en tirer un raisonnement déductif susceptible de justifier, d'authentifier ou de fonder la loi orale, qui doit rester indépendante.) Mais ceci ne résout pas la question de l'origine du mot Nazaréen, et si cela ne pouvait avoir de sens éducatif Matthieu n'aurait pas employé ce terme comme épithète.

En Luc (ch2, v 1-35) , on voit Joseph aller de Nazareth à Bethléem pour le recensement, où naîtra Jésus ; puis avec Marie et Jésus enfant ils montent à Jérusalem. Or seules les deux villes de Bethléem et Jérusalem ont une valeur messianique, mais pas Nazareth ! Alors pourquoi en tirer un nom messianique ? On aurait bien imaginé « Jésus de Bethléem », par exemple. Matthieu connaît toutes ces prophéties ; bien plus, il est un évangéliste connu pour mentionner l'accomplissement des prophéties. Alors que signifie cette mise en valeur qui serait faite de l'insignifiant village de Nazareth par l'appellation de Nazaréen ?


Nazaréen viendrait-il de nazir ?
Certains se sont posés la question aurait-il un rapport avec le naziriéat. Lorsqu'un homme est consacré à la divinité par un vœu fait par ses parents, il est nazir. Un nazir doit observer certaines abstinences : ne pas se couper les cheveux, ne pas boire de vins ni de boissons enivrantes et ne rien manger d'impur. Dans les Évangiles, on ne trouve pas d'indice permettant de penser que Jésus ait jamais fait partie d'un groupe de nazirs. Par ailleurs, le naziréat vaut pour un temps donné, après quoi il cesse : nous n'avons rien non plus dans les Évangiles qui laissent penser une chose semblable.

Certains auteurs, donnent au mot nazir le sens d'« envoyé de Dieu », « Saint de Dieu » ; si tel était le cas, les adversaires de Jésus ne pouvaient pas l'appeler ainsi, car ils confessaient du même coup qu'il était le Saint de Dieu ! Pour ce qui retourne du point de vue philologique, il est impossible de faire dériver nazaréen de nazir : ce mot ne supporte pas de désinence. Par exemple : (צדיק) Tsaddiyq (juste, droit), on passe à (צדקה) Tzedakah signifiant littéralement justice ou droiture, mais communément utilisé pour signifier charitable ; ce qui n'est pas le cas de nazir pour nazaréen.
Si la dérivation de Nazareth en Nazaréen était si simple et évidente, pourquoi tant de grands esprits se seraient-ils lancés dans des recherches variées et parfois compliquées, pour justifier cette dérivation ?

Voici une hypothèse séduisante :

Comme on le sait, les Hébreux au temps de Jésus parlaient araméen et comme je l'ai déjà dit (ailleurs) le selon Matthieu grec est certainement tiré d'un original écrit en araméen. Il faut savoir que l'hébreu n'était plus parlé mais réservé comme langue liturgique. Depuis le retour d'Exil à Babylone, en effet, le peuple avait progressivement perdu l'usage de cette langue au profit de la langue du pays d'exil. On trouve un exemple frappant de ce fait dans Néhémie :

« Tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la porte des Eaux. Ils dirent au scribe Esdras d'apporter le livre de la Loi de Moïse, que Yahvé avait prescrite à Israël. Alors le prêtre Esdras apporta la Loi devant l'assemblée, qui se composait des hommes, des femmes et de tous ceux qui avaient l'âge de raison. (... ) il lut dans le livre, depuis l'aube jusqu'à midi, en présence des hommes, des femmes et de ceux qui avaient l'âge de raison : tout le peuple tendait l'oreille au livre de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une estrade de bois, construite pour la circonstance; (...) Esdras ouvrit le livre au regard de tout le peuple (...) Et Esdras lut dans le livre de la Loi de Dieu, traduisant et donnant le sens : ainsi l'on comprenait la lecture ». (Néhémie 8,1-8)

Les termes grecs pour « nazaréen » ne peuvent donc dériver que de l'araméen, et le terme araméen employé dans le Matthieu original (en araméen) doit pouvoir recevoir les désinences qui expliquent les formes grecques. Le terme araméen doit désigner quelque chose d'exceptionnel et qui a fait l'admiration ou l'aversion des auditeurs ; quelque chose qui soit un signe distinctif de l'œuvre de Jésus. Or selon Eugenio Pio Zolli (ancien grand-rabbin de Rome, converti au christianisme) Selon l'étymologie sémitique, nesar signifie chanter, déclamer en araméen, on trouve le verbe- chanter et qui a le sens de babiller en syriaque (araméen chrétien), il a le sens de chanter, déclamer avec l'art oratoire. Pour Zolli donc, : « les deux notions se complètent parfaitement sous le sens de prêcher car les anciens, chantaient en prêchant. » Terme qui convient très bien aux antiques prédicateurs, car ils ne lisaient les textes religieux ou ne les commentaient qu'accompagnés d'une intonation ! En effet, dans le traité Megillah 32 A13 du Talmud on trouve ceci : « Qui lit (la Bible) sans intonation, et la Mishnah sans cadence, s'applique le verset biblique : Et je leur ai donné de mauvaises règles. »

De même Rabbi Akiba (au temps de l'empereur Hadrien,) donne comme recommandation d'étudier la Bible chaque jour : un chant par jour. Il évoque les accents de la Tora qui sont des signes soutenant la lecture d'une mélodie.Selon Zolli, pour expliquer l'existence des deux formes grecques utilisées dans le Nouveau Testament, Nazarhnous, et Nazaraious il faut revenir au mot araméen nazrana et nasora signifiant celui qui enseigne la tradition et celui qui l'explique. Ainsi, le terme Nazaréen contient-il à la fois les concepts de prêcheur et de professeur.

On peut admettre que, du verbe araméen neçar, est dérivé deux formes araméennes : naçrana et naçora. La première est du type : gamara (maître de tradition) dérivé de gemâr (qui signifie enseigner la loi traditionnelle) ; la seconde et du type : amorà, dérivé de amoréo (Maître, Docteur, celui qui explique). L'appaltif Nazaréen contient donc aussi les concepts de prédicateur et de maître, et donc on a pu en parler avec l'une ou l'autre désinence. Naçrana donne en grec Nazarhnous, et naçora Nazaraious. Par ailleurs, les deux formes peuvent aussi très bien s'expliquer depuis la seule forme naçora, dont le pluriel absolu est naçoraim (Nazarhnoi) et le pluriel emphatique naçorajja (Nazwraioi).

Il est donc fort probable que Jésus suivait cet usage de prêcher et prier en déclamant, tout comme ses disciples le firent aussi. Dès lors ils reçurent des auditeurs le nom de Nazaréens, mot dérivé de la racine nçr : les prédicateurs déclamant.

Pour les foules qui écoutaient Jésus, celui-ci n'avait rien à voir avec les docteurs habituels, car il exposait un enseignement particulier et auquel il fallait donner un nom très distinct. Son art oratoire venait d'une source toute autre que celle des rabbins : les rabbins dans leurs discours se réclament systématiquement de maîtres qui les ont précédés et enseignés, comme on peut le lire dans les passages parfois fastidieux du Talmud.

La source de Jésus est bien différente : sa force tenait de son exousia l'explication de ce terme est très ordinairement rendu par « autorité », mais recouvre, un sens beaucoup plus profond.

Il avait une conscience singulière de sa mission envers le peuple et l'humanité tout entière.

« Personne n'a jamais n'a parlé comme cet homme » répondent aux Pharisiens les soldats qui avaient été envoyés pour arrêter Jésus.

Si les Évangiles ne mentionnent pas cette déclamation de Jésus, dans sa version grecque, il la laisse entendre en certains passages. En effet, nous sommes souvent trop habitués à entendre certains passages, sans même nous rendre compte de ce qu'ils veulent dire. Par exemple en Marc 2,2 on lit : « Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte, et il leur annonçait la Parole ». Qui s'est-il déjà demandé ce que peut bien signifier « annoncer la parole » ? On n'annonce pas une parole : on annonce un fait, on décrit un fait, on adresse une parole, mais on ne dit jamais qu'on annonce une parole ! Le verbe grec employé ici notamment est le verbe laleo (= parler, discourir). Le cinquième sens auquel renvoie le dictionnaire grec/Français Bailly est : babiller, murmurer. C'est l'exacte traduction du mot araméen nesar !

On pourrait objecter que le titre de « déclamateur » convenait aussi aux rabbins. Mais dans le cas des rabbins, le caractère sacré de l'Écriture Sainte devait passer avant la déclamation. De plus, comme mentionné plus haut, ces docteurs enseignaient par déductions, rapportant systématiquement l'auteur de l'idée qu'ils utilisent, donc sans beaucoup de liberté. Jésus ne se réclame d'aucun docteur précédent, ce qui lui est d'ailleurs reproché par les Pharisiens : « Par quelle autorité fais-tu cela ? ». Jésus verse son vin nouveau dans des outres neuves : le contenu de sa parole s'associe à une façon d'enseigner particulière : il a une éloquence de prophète. Le peuple le désigne comme rabbi. Si le village insignifiant de Nazareth existait bien au temps du Christ, tous ne le connaissaient pas, mais à la conscience des vastes couches du peuple s'imposait le singulier de sa prédication flamboyante. La personnalité du Prédicateur dépassait de loin le lieu caché de l'origine de sa famille. Jésus pour les foules n'était pas le Nazarétain, celui qui vient de Nazareth mais le Nazaréen, c'est-à-dire « le Prédicateur élogieux » le déclamateur, celui qui déclamait ses discours, qui enseignait avec éloquence.

Alors pour revenir à cette prophétie de Matthieu « pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé Nazôréen» On pourrait traduire par : « pour que s'accomplît l'oracle des prophètes : Il sera appelé l'éloquent » « ou le déclamateur »

Alors qui prophétise ainsi ?

Dieu lui-même dans Exode ch 4 Dieu dit à Moïse qui lui dit : « Ah ! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n'est ni d'hier ni d'avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur ; car j'ai la bouche et la langue embarrassées. » Tout le contraire d'un déclamateur donc de Jésus.

Et Dieu lui répond : « Va donc, je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu auras à dire. » Dieu incarne sa parole provisoirement dans la bouche de Moïse pour que celui-ci devienne plus : éloquent, élogieux, qui puisse parler avec déclamation bref en araméen : nesar ; Nazôréen. Que dit ainsi Matthieu, Jésus est l'incarnation de la Parole de Dieu .... Donc il est dit Nazôréen. Nous sommes donc en présence de l'accomplissement d'un Midrash.

Le style très particulier du midrash, qui peut en général sembler assez déroutant pour le lecteur chrétien non familier à la culture hébraïque, peut constituer pour certains un obstacle difficile à surmonter. Cette difficulté ne doit pas écarter le lecteur de l'intérêt de tels rapprochements. Les Évangiles, on ne saurait trop le rappeler, ne sont pleinement intelligibles que s'ils sont mis en référence avec leur milieu d'origine. Tout cela à cause de la parenté évidente qui existe entre le Nouveau Testament et la tradition juive ancienne.

La prophétie d'Esaïe... celle du germe ou rejeton est la principale voir la première, relation avec le terme « Nazaréen » mais on ne doit pas faire dériver נוצרי, notzri en hébreu, qui signifie Nazaréen ( Nazoréen) de נזיר = nazir qui désignait une personne ayant fait voeu d'ascétisme, à cause de la racine נצר = netser qui désigne un surgeon, (qui est le germe) et la symbolique de s'approprier ces différents sens...

La pirouette de Matthieu !

Bien que chaque mot commence par la lettre hébraïque (נ ) (noun) la lettre (tsadé) צ est séparé par un (ו) (wäw Vav) pour Nazoéen on retrouve dans Nazoréen et Netser le même (ך) (käf final) par contre dans Nazareth le nom se termine par un (täw) ת qui est la dernière lettre de l'alphabet sa valeur gamatriale est 400 et signifie la marque ou le signe, quelque chose de marquer, de significatif, ainsi la réponse de Nathanaël « peut-il venir quelque chose de bon « ainsi marqué » et le ת täw hébreu (la marque) ne permet pas d'être retranché aussi ne peut-il donner Nazaréen qui oblige à un retranchement du ת (täw) mais Nazaréthéen donc l'ajoute d'une lettre ici un י (yöd). D'autre part Nazoréen נוצרי qui dérive de נצר netser se termine par un י (yöd) qui suit le ר (kaf) final et י (yöd) a une valeur gématriale de 10 dans un mot mais n'a aucune valeur gématriale quand il le termine, et signifie la main, et c'est la première lettre du nom sacré YHVH. (Elle symbolise aussi le germe, contenant tous les sephirotim dans la kabbale juive). Cette lettre est désignée dans le Nouveau Testament sous le nom de « iota » dans une parole de Jésus rapportée par Matthieu (5.18) :

Deux lettres yod י représentent le Nom « Adonai » = « Mon Seigneur » qui est l'un des Noms de Dieu, en effet netser (le germe) avec la finale י yod « la main » (comprendre ici de Dieu) donne Nazaréen le germe divin ou le germe donné. Mais selon moi le faire dériver de Nazareth oblige de retrancher le י yod (iota) de Nazaréen et le substituer par un täw ת pour avoir Nazareth, or d'après le Livre d'Ézéchiel, IX, 1-6, seuls les hommes marqués au front de ce signe échapperaient à la destruction de Jérusalem. Nous savons que des membres de familles sacerdotales se sont réinstallés dans la vallée de Nazareth après la défaite de la Guerre de Bar Kochba en 135 CE. Aussi on doit faire dériver Nazareth de Nazaréen et non pas l'inverse puisque le fait d'ajouter un ת (täw) « la marque » pourrait signifier le germe marqué de la main de Dieu. Mais pour faire dériver Nazaréen de Nazareth il faut retrancher le ת (täw) qui est « la marque » pour le remplacer par un י (yod) et ce י ne peut lui non plus être retranché (Matthieu 5 : 18) puisqu'il n'a ici aucune valeur gématriale, donc la seule solution est de faire dériver Nazareth le « germe marqué » et Nazaréen le germe issu de la main (de Dieu) du « germe donné » de Netzer « le germe d'Esaïe ». Ainsi les deux termes dérivent de Netzer et non pas l'un de l'autre.

Ainsi la pirouette de Matthieu.... . Et ainsi les Nazaréthain (habitant de Nazareth.... « du germe marqué ») ne pouvaient suivre ou croire le Nazaréen (le germe donné) aussi veulent-ils le jeter de la falaise. « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ».

Ainsi que du dire de Nathanaël qui signifie "Dieu a donné" : « Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? » (Jn. 1.45-46).  Comprendre ainsi marqué.

D.R


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