JÉSUS ET JEAN BAPTISTE.

Chapitre VI

(Q ch3, v, 2b - 4)

(Luc Ch 3 ;V 2b, 3 & 4)- (Matthieu Ch 3 ; v 1 & 5)- (Marc Ch 1 ; v 2 à 8).

Source Q

Jean était dans le désert du côté du Jourdain où il prêchait la repentance pour le pardon des péchés, et il baptisait tous ceux qui venaient à lui.

Luc Ch 3 ; V 2b, 3 & 4 : « 2b la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. (3) Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, (4) comme il est écrit dans le livre des oracles d'Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »

Matthieu Ch 3 ; v 1 & 5 : « En ce temps-là parut Jean Baptiste, prêchant dans le désert de Judée. (5) Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui ; »

Marc Ch 1 ; v 2 à 8 : « 2 comme il est écrit dans Esaïe le prophète : "Voici, moi j'envoie mon messager devant ta face, lequel préparera ton chemin". 3 "Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, faites droits ses sentiers". 4 Jean vint, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance en rémission de péchés. 5 Et tout le pays de Judée et tous ceux de Jérusalem sortaient vers lui ; et ils étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, confessant leurs péchés. 6 Or Jean était vêtu de poil de chameau et d'une ceinture de cuir autour des reins, et il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. 7 Et il prêchait, disant : Il vient après moi, celui qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie des sandales. 8 Moi, je vous ai baptisés d'eau ; lui, vous baptisera de l'Esprit Saint.

Jean annonce le jugement

(Q ch3 v7-9)

(Luc : ch 3 v 7-9) - (Matthieu : ch 3 v 7-10)

Source Q : ch3 v7-9

Il dit aux <foules> qui <venaient pour être> baptisée : Rejetons de vipères, qui vous a avertis de fuir devant la colère à venir ? Produisez donc du fruit digne d'une conversion et ne vous imaginez pas dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham ! Car je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham ! Et déjà la hache est posée contre la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être abattu et jeté au feu.

Luc : ch 3 v 7-9

Il disait donc aux foules qui sortaient pour être baptisées par lui : Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère qui vient ? 8 Produisez, donc des fruits qui conviennent à la repentance ; et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham. 9 Et déjà même la cognée est mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit, est coupé et jeté au feu.

Matthieu : ch 3 v 7-10

Et voyant plusieurs des pharisiens et des sadducéens qui venaient à son baptême, il leur dit : Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère qui vient ? 8 Produisez, donc du fruit qui convienne à la repentance ; 9 et ne pensez pas de dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham. 10 Et déjà la cognée est mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit est coupé et jeté au feu.

Jean et celui qui Vient

(Q ch3, v 16b-17)

(Luc ch3, 16b-17 ; Matthieu ch 3, v11-12)

Source Q : ch 3 v 16b-17

Moi, je vous baptise <dans> l'eau, mais celui qui vient après moi est plus fort que moi ; de lui je ne suis pas digne <d'enlever> les sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit <saint> et le feu ; Sa pelle à Vanner <est> dans sa main et il nettoiera son aire et il recueillera le blé dans son grenier, mais la bale, il la brûlera d'un feu inextinguible.

Luc : ch3 v 16b-17

Moi, je vous baptise avec de l'eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier la courroie des sandales : lui vous baptisera de l'Esprit Saint, et de feu. 17 Il a son van dans sa main, et il nettoiera entièrement son aire et assemblera le froment dans son grenier, mais il brûlera la balle au feu inextinguible.

Matthieu : ch3 v 11-12

Moi, je vous baptise d'eau pour la repentance; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales : lui vous baptisera de l'Esprit Saint et de feu. 12 Il a son van dans sa main, et il nettoiera entièrement son aire et assemblera son froment dans le grenier; mais il brûlera la balle au feu inextinguible.

Jean Baptiste et le baptême de Jésus

(Q ch3, v21-22)

(Luc ch3, v21-22 - Matthieu ch3 v13, 16-17 - Marc ch1 v 9-11- Jean ch1, v 26-34)

Source Q : ch 3 v21-22

21.. Jésus...baptisé, le ciel s'ouvrit..,22et... l'Esprit..sur lui.. Fils..

Luc : ch3 v21-22

« Et il arriva que, comme tout le peuple était baptisé, Jésus aussi étant baptisé et priant, le ciel s'ouvrît ; 22 et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe ; et il y eut une voix qui venait du ciel : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j'ai trouvé mon plaisir. »

Matthieu : ch3 v 16-17

13 Jésus vient de Galilée au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui ; 16 Alors il le laissa faire. Et Jésus, ayant été baptisé, monta aussitôt, s'éloignant de l'eau ; et voici, les cieux lui furent ouverts, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe, et venant sur lui. 17 Et voici une voix qui venait des cieux, disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir.

Marc : ch1 v 9-11

9 Et il arriva, en ces jours-là, que Jésus vint de Nazareth de Galilée, et fut baptisé par Jean au Jourdain. 10 Et s'éloignant aussitôt de l'eau, il monta, et vit les cieux se fendre, et l'Esprit comme une colombe descendre sur lui. 11 Et il y eut une voix qui venait des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j'ai trouvé mon plaisir.

Jean : ch1 v26-34

« 26 Jean leur répondit, disant : Moi, je baptise d'eau; mais au milieu de vous il y en a un que vous ne connaissez pas, 27 celui qui vient après moi, duquel moi je ne suis pas digne de délier la courroie de la sandale. 28 Ces choses arrivèrent à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait. 29 Le lendemain, il voit Jésus venant à lui, et il dit : Voilà l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde! 30 C'est de celui-ci que moi, je disais : Après moi vient un homme qui prend place avant moi, car il était avant moi. 31 Et pour moi, je ne le connaissais pas; mais afin qu'il fût manifesté à Israël, à cause de cela, je suis venu baptiser d'eau. 32 Et Jean rendit témoignage, disant : J'ai vu l'Esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui. 33 Et pour moi, je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celui-là me dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre, et demeurer sur lui, c'est celui-là qui baptise de l'Esprit Saint. 34 Et moi, j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu. »

Jean nommé « le Baptiste » occupe une place prédominante dans les Évangiles. C'est par l'annonce de sa naissance que commence le récit de Luc, celui-ci présente Jean Baptiste comme le fils de Zacharie et rappelle Isaïe (40,3)

Qu'en a Marc (Mc 1, 1-8) il s'ouvre par une citation du prophète Isaïe (40,3) : et le texte se poursuit en disant que Jean le Baptiste parut dans le désert et proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.

Dans celui de Matthieu, les versets 1 à 12 parlent de l'appel à la repentance fait par Jean-Baptiste.

C'est par le baptême que Jean confère à Jésus que celui-ci commence sa vie publique.

Considérée ainsi, la présence de Jean-Baptiste - tantôt réelle, tantôt évoquée - prend un relief particulier. Elle parcourt en filigrane tout l'Évangile. Et elle se révèle inséparable de la vie de Jésus. Je vais essayer de démontrer dans les paragraphes qui suivent.

Présentation de la naissance de Jean-Baptiste dans le selon Luc.

Luc, pour décrire la naissance de Jésus, fait un détour par celle de Jean-Baptiste. C'est le même messager désigné sous le nom de Gabriel qui signifie « la force de Dieu » de gabar (force) et El (Dieu) qui annonce l'événement à Zacharie et à Marie, lesquels réagissent d'abord par le "trouble" et la "crainte", puis par les hymnes de louanges.

Mais, au-delà de ces ressemblances, Luc fait surtout ressortir les divergences. Zacharie doute, tandis que Marie dit : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole ». Le futur Jean sera grand devant le Seigneur, tandis que le futur Jésus sera appelé le Fils de Dieu. Jean sera le "Précurseur", tandis que Jésus sera le "Sauveur". Jean va se fortifier en esprit et demeurer dans les déserts, Jésus dévoilera sa précoce sagesse devant les docteurs de la Loi et vivra avec ses parents à Nazareth.

Prédication et prédiction de Jean-Baptiste

En fait en étudiant bien les textes je crois que Jean Baptiste n'était pas le "faire-valoir" de Jésus tel que la lecture de Luc donne à penser ou du moins Jean Baptiste ne se considérait pas comme tel au début de sa mission. L'étude comparative, nous montre que Jean était un réel « Maître spirituel » pour accomplir sa mission, il s'y est longuement préparé par une vie ascétique. On ne nie plus aujourd'hui la connexion de Jean le Batiste avec le milieu Essénien. Une solide formation dans le centre de Qûmran a dû précéder sa vie d'ermite au désert ; et ce Maître spirituel fut un vrai guide pour le peuple. Il l'a manifesté dans sa prédication.

On notera qu'il a baptisé Jésus dans le Jourdain dans un lieu situé à seulement 7 km de la communauté Essénenne de Qûmran.

Qui sont les Esséniens.

Pour Flavius Josèphe, les Esséniens sont la troisième « secte » de la société juive de Palestine, derrière les Pharisiens ancêtres du judaïsme rabbinique nés à la suite de la destruction du Temple et qui deviendra le Judaïsme actuel, et les Sadducéens. Il classe à part ce qu'il appelle la quatrième philosophie, le mouvement Galiléen (futur mouvement Zélote) qui disparaîtra rapidement.

Même s'ils se considèrent de la même communion, il existe un réel sentiment d'antipathie entre Pharisiens et Esséniens cela est manifeste.

Alors que Pharisiens, Zélotes et Sadducéens s'organisaient comme des partis politico-religieux au sein de la Synagogue, les Esséniens, bien qu'appartenant, au peuple juif par leurs origines ethniques, ils s'en étaient radicalement séparés quant à la doctrine, au culte, au mode de vie. En effet en ce qui concerne la doctrine, de vie, de mœurs, de culte, l'Essénisme est totalement étranger à la tradition juive, au pharisaïsme comme au Sadducéisme.

D'autre part, des livres pseudépigraphiques comme les livres d'Hénoch ou des Jubilés se présentent saturés d'Essénisme ; on peut se demander si jadis, sous leur forme primitive, ils n'ont pas, appartenu a la secte Essénienne.

Si le prophète Jean venait de l'Essénisme, comme il est admis aujourd'hui par plusieurs chercheurs de premier ordre, pourquoi ne devrions-nous pas envisager que Jésus vînt lui aussi du même milieu Essénien ? Car contrairement à une idée reçue, Jésus était un homme instruit, un docteur, un Rabi considéré comme tel. Dans les Évangiles beaucoup lui donnent cette appellation de « Rabi » c'est-à-dire Rabbin, enseignant. Ils avaient une parfaite maîtrise de la Loi et des Écritures. Ceci implique une formation religieuse solide et inhabituelle pour un simple artisan galiléen. Jésus parlait certes l'araméen, mais il devait également savoir assez bien le grec et même le latin.

De plus on imagine difficilement le prophète Jean acclamant un obscur Pharisien comme le « Sauveur attendu » s'il venait du parti adverse. Les malédictions de Jésus contre les Pharisiens rendent absurde la théorie de son appartenance à l'école Pharisienne, donc d'où tient-il son enseignement ?

L'Évangile nous montre en ce qui concerne Jésus le déroulement d'un plan messianique dont il fut l'acteur lucide, consentant et absolument résolu. Jésus croyait profondément dans la prédestination divine, inscrite dans le prophétisme biblique, et qui est caractéristique chez les Esséniens, alors qu'une telle conception était devenue lettre morte chez les Pharisiens et les Sadducéens.

Si Jean Baptiste, c'est démarqué des Esséniens Jésus s'est cependant, démarqué encore plus que lui, en ce qu'au lieu de se cantonner dans leur élitisme, Jésus est allé vers les foules, qu'en a Jean les foules venaient à lui ; et qu'au lieu des ablutions systématiques et quotidiennes exigées à Qumran, ils baptisaient, mais peut-être pas contrairement à ce que l'on croit une fois pour toutes dans le repentir et le renouveau intérieur pour ce qui est de Jean. Tous deux marginaux parmi les prophètes d'Israël, ils ont tout deux prêchés cette pureté du dedans, par opposition à la fierté d'appartenance au Peuple Élu : Ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes : nous avons Abraham pour père ; car, je vous le déclare, Dieu peut, des pierres que voici, susciter des enfants à Abraham (Luc ch3 v8).

Si le prophète Jean venait de l'Essénisme, comme il est admis aujourd'hui par plusieurs chercheurs de premier ordre, pourquoi ne devrions-nous pas envisager que Jésus vînt lui aussi du même milieu Essénien ? Car contrairement à une idée reçue, Jésus était un homme instruit, un docteur, un Rabi considéré comme tel. Dans les Évangiles beaucoup lui donnent cette appellation de « Rabi » c'est-à-dire Rabbin, enseignant. Ils avaient une parfaite maîtrise de la Loi et des Écritures. Ceci implique une formation religieuse solide et inhabituelle pour un simple artisan galiléen. Jésus parlait certes l'araméen, mais il devait également savoir assez bien le grec et même le latin.

De plus on imagine difficilement le prophète Jean acclamant un obscur Pharisien comme le « Sauveur attendu » s'il venait du parti adverse. Les malédictions de Jésus contre les Pharisiens rendent absurde la théorie de son appartenance à l'école Pharisienne, donc d'où tient-il son enseignement ?

L'Évangile nous montre en ce qui concerne Jésus le déroulement d'un plan messianique dont il fut l'acteur lucide, consentant et absolument résolu. Jésus croyait profondément dans la prédestination divine, inscrite dans le prophétisme biblique, et qui est caractéristique chez les Esséniens, alors qu'une telle conception était devenue lettre morte chez les Pharisiens et les Sadducéens.

Si Jean Baptiste, c'est démarqué des Esséniens Jésus s'est cependant, démarqué encore plus que lui, en ce qu'au lieu de se cantonner dans leur élitisme, Jésus est allé vers les foules, qu'en a Jean les foules venaient à lui ; et qu'au lieu des ablutions systématiques et quotidiennes exigées à Qumran, ils baptisaient, mais peut-être pas contrairement à ce que l'on croit une fois pour toutes dans le repentir et le renouveau intérieur pour ce qui est de Jean. Tous deux marginaux parmi les prophètes d'Israël, ils ont tout deux prêchés cette pureté du dedans, par opposition à la fierté d'appartenance au Peuple Élu : Ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes : nous avons Abraham pour père ; car, je vous le déclare, Dieu peut, des pierres que voici, susciter des enfants à Abraham (Luc ch3 v8).

«Les «saints», les «pauvres», les «humbles», comme les Esséniens s'appelaient eux-mêmes, dispersés dans les villes et bourgades de Palestine, avaient pour centre religieux Qumrâm.

«Sur le rivage occidental du lac d'Aaphaltie (la Mer Morte), hors de portée de l'influence nocive de ses eaux, sont établis les Hessénoriens (Esséniens). Peuple solitaire et le plus extraordinaire qui soit, sans femmes, sans amour, sans argent, et vivant dans la société des palmiers. Elle se reproduit de jour en jour, grâce à l'affluence de nouveaux hôtes; et la foule ne manque pas de ceux qui, fatigués de la vie, sont amenés par le flot de la fortune à adopter ce genre de vie. Ainsi, pendant des milliers de siècles, chose incroyable, dans une nation chez laquelle il ne naît personne, tant est fécond pour elle le repentir qu'ont les autres de leur vie passée» Pline l'Ancien, «Histoire Naturelle V 17»

..

Selon Pline le Jeune et Flavius Josèphe, Les Esséniens avaient les cheveux longs et portaient des vêtements blancs. Ils menaient une vie communautaire, sans femmes, sans argent et la mise en commun des biens était de rigueur. C'était donc des sortes de moines.

Selon Philon d'Alexandrie, ils étaient apiculteur et végétariens, (Comme eux, Jean Baptiste vivait de façon ascétique et pratiquait l'apiculture ainsi que le rituel du baptême.) Ils faisaient vœu de silence et croyaient en l'immortalité de l'âme.

« Ils se forment à la piété, à la sainteté, à la justice, à l'économie, à la politique, à la science de ce qui est réellement bon, mauvais ou indifférent, au choix de ce qu'il faut faire et à la fuite du contraire, en prenant pour triple règle et critère l'amour de DIEU, l'amour de la vertu et l'amour des hommes.

De l'amour de Dieu, ils produisent d'innombrables exemples : la pureté constante incessante durant la vie entière, le rejet du serment, le rejet du mensonge, la pensée que la divinité est cause de tout ce qui est bien, mais n'est cause d'aucun mal. L'amour de la vertu, ils l'illustrent par le mépris des richesses, de la gloire, du plaisir ; par la maîtrise de soi, l'endurance, et encore par la frugalité, la simplicité, l'humeur facile, la modestie, le respect de la loi, équilibre du caractère et toutes les vertus analogues. L'amour des hommes par la bienveillance, l'égalité, la vie communautaire, laquelle est supérieure à tout éloge, mais dont il n'est pas hors de propos de parler ici brièvement.

Outre qu'ils habitent ensemble en confréries, leur demeure est ouverte aussi aux visiteurs venus de l'extérieur et qu'anime le même idéal. Ensuite il n'y a qu'une bourse commune à tous, et les dépenses sont communes : communs sont les vêtements et communs les aliments ; ils ont adopté, en effet, l'usage des repas en commun. Nulle part ailleurs on ne trouverait mieux réalisé en fait, un tel usage du même toit, du même genre de vie et de la même table, Et ce n'est pas sans raison : en effet, ils ne gardent pas pour eux tout ce qu'ils reçoivent comme salaire de leur journée, mais ils le mettent en commun, pour qu'il soit à l'égale disposition de ceux qui désirent en faire usage »

Philon d'Alexandrie «Quod omnis probus liber sit (Tout homme vertueux est libre) 83-86»

Nous savons depuis les découvertes des manuscrits de la Mer Morte (Qumrân) comment ces Esséniens travaillaient et leur manière de vivre. Leur noyau dur est donc bien défini localement. Ils vivaient comme des moines, pratiquaient le baptême et se ressemblaient pour les rituels et les repas.

Les Esséniens observaient rigoureusement la Loi, avec les idéaux de pauvreté et de charité. C'étaient des dissidents, opposés aux chefs du Temple, mais se disaient le peuple élu, le vrai Israël. Dans leurs textes il est question d'un Messie, roi et prêtre, du «serviteur souffrant» en référence à Isaïe :

.«Tout atteste chez eux la nostalgie du Temple de Dieu, le respect pour la Ville sainte ; s'ils refusent de pactiser avec ceux qui actuellement y règnent, leurs espoirs sont tournés vers le Temple nouveau et la Jérusalem nouvelle qui demeurent le centre de leurs pensées et de leur cœur ». Philon, II, 457 ; Josèphe, ANT., XVIII, I, 5.

« À Qumrân, un repas était pris en commun au cours duquel un prêtre bénissait le pain et le vin » (Philon d'Alexandrie).

Ces textes, véritables archives du courant le plus pur du judaïsme palestinien au temps de la naissance de Jésus, montrent que les juifs étaient prêts, au sein de la fervente communauté Essénienne, à recevoir la révélation du messager de Dieu que fit « Gabriel » à Marie.

La découverte des manuscrits de Qumrân nous révèle donc ce que furent en toute vérité les racines juives du christianisme : non pas le judaïsme rabbinique, 20 ans après la destruction de Jérusalem, et qui exclura les chrétiens de la Synagogue, mais la religion des « pauvres d'Israël ». Ce judaïsme Essénien, dans la logique de sa fidélité à l'ancienne Alliance, devint chrétien, serviteur de la nouvelle et éternelle Alliance.

Voilà donc en quoi Jean fut le messager selon les croyances Essénienne : il dévoila aux gens cette exigence d'intériorité, ainsi qu'une notion d'universalisme, jusque-là totalement absente des pensées juives.

Jean-Baptiste est connu à travers les Évangiles, mais aussi par le témoignage historique de Flavius Josèphe, concernant notamment sa mort.

Certains détails de sa vie sont tirés de l'Évangile de Luc, d'autres des Évangiles apocryphes.

Jean-Baptiste serait né en Judée, en 8 av. J.-C. C'était le fils du prêtre Zacharie et d'Élisabeth, cousine de Marie, la mère de Jésus. Donc Jésus et Jean le Baptiste était petit cousin. Luc commence pratiquement son Évangile par la naissance de Jean-Baptiste. Zacharie, occupé à faire brûler de l'encens dans le temple reçoit la visite d'un messager de Dieu (Gabriel = force de Dieu), qui lui annonce que sa femme Élisabeth mettra au monde un fils qui sera appelé Jean, qui sera rempli d'Esprit Saint, et qui aura la "puissance d'Élie". Zacharie surpris, doute des paroles de ce messager, qui lui annonce de fait qu'il perdra l'usage de la parole jusqu'à la naissance de l'enfant.

Après la naissance, Zacharie encore muet, écrit sur une tablette : "Jean est son nom" à l'étonnement de toute la famille car personne ne porte ce nom. Zacharie retrouve alors la parole.

La vie de Jean est une "vie cachée" dans le désert, se nourrissant de sauterelles grillées et de miel sauvage, ce qui correspond assez bien aux membres de la secte Essénienne, jusqu'au jour où il vient à proclamer, vers l'âge de trente ans, le "baptême de repentir pour la rémission des péchés, prophétisé par Isaïe". Des disciples sont avec lui il est donc un Maître spirituel. Beaucoup en Judée pensent alors qu'il est le messie attendu mais à cela il répond : "pour moi, je vous baptise avec de l'eau, mais viens le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales ; lui vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu".

Là encore dans la réponse de Jean on retrouve une attente Essénienne. Dans les plus anciens textes contenus messianiques, trois figures eschatologiques séparées sont attendues par la communauté Essénienne : un Prophète, un Messie-royal et un Messie-sacerdotal (4Q175 Les Testimonia) ; « ou encore un Prophète, un Messie d'Israël et un Messie d'Aaron (1QS IX, 11 ; Règle de la Communauté ou Manuel de discipline). » Mais le Prophète doit intervenir antérieurement aux deux autres dont il doit annoncer la venue. Seules les figures royales et sacerdotales sont de véritables Messies. Au départ le messianisme de la secte est donc bicéphale. Les conceptions messianiques de la secte évoluèrent toutefois, comme l'a montré Ernest-Marie Laperrousaz (Attente du Messie en Palestine à la veille et au début de l'ère chrétienne, Picard, 1982). Après avoir semble-t-il désapprouvé le cumul des deux fonctions pratiqué par les Hasmonéens, « la communauté se mit à attendre un messie unique, à la fois sacerdotal et royal. » Ce qui peut expliquer la réponse de Jean Baptiste, qui se considère comme le prophète envoyé pour l'annonce du Messie.

Jésus, selon le récit Évangélique est désigné par Jean comme le messie devant venir mais il est cependant immergé dans les eaux du Jourdain, donc baptisé par Jean-Baptiste.

Quelle était au juste l'œuvre de Jean Baptiste ?

Dans ce discours, dont nous reconnaissons l'authenticité, Jean fait donc allusion à un personnage majeur du drame eschatologique. Il ne le nomme pas ; mais il affirme qu'il vient avec la colère. Il dit de lui : « Celui qui est plus fort que moi. » Ce personnage apparaîtra comme la main de Dieu. Le Règlement de la Guerre a une expression révélatrice : « Jusqu'à ce que Dieu dépêche sa Main. » Ce manuscrit évoque plusieurs fois « la puissance de la Main de Dieu », au jour du jugement. De plus, les Hymnes témoignent que les saints se représentaient le jugement comme un acte violent de la main de Dieu. Aussi invoquent-ils Dieu en ces termes : « Dans ta main est la justice. » (Hymnes S, XI, 7)

L'attente messianique revêt divers aspects en Israël. Elle s'appuie sur des prophéties anciennes et datées. Le personnage attendu peut être le prophète annoncé à Moïse : « Yhwh, ton Dieu, suscitera pour toi, du milieu de toi, d'entre tes frères, un prophète comme moi : c'est lui que vous écouterez. » (Dt XVIII, 15) ; un fils de David : « Quand tes jours seront accomplis et que tu te coucheras avec tes pères, alors je susciterai après toi ton rejeton, celui qui sortira de tes entrailles, et j'affermirai sa royauté. » (2 Sm VII, 12) ; Élie : « Voici que, moi, je vous envoie le prophète Élie avant que vienne le jour de Yhwh, jour grand et terrible. » (Ml III, 23) ; le fils de l'homme : « Je regardais dans mes visions nocturnes, et voici, avec les nuées du ciel, venait comme un fils d'homme ; il s'avança jusqu'à l'ancien des jours et on le fit approcher devant lui. A lui, furent donnés la domination, la gloire et le règne, et tous les peuples, les nations et les langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et son royaume ne sera pas détruit. » (Dn VII, 13-14)

Dans la vision de Zacharie « Ce sont les deux fils de l'huile fraîche qui se tiennent debout près du seigneur de toute la terre ! » (Za IV, 14) Il s'agit de Josué, le prêtre, et de Zorobabel, le roi. Messianismes sacerdotal et royal viennent ensemble. L'Écrit de Damas annonce à plusieurs reprises l'Oint d'Aaron et d'Israël. La Règle annexe de la Communauté donne la préséance au Messie d'Aaron sur le Messie d'Israël.

Jean annonce « celui qui vient » en termes voilés. Il s'agit probablement du Messie d'Israël, fils de David, que les prophètes ont appelé de leurs vœux. À lui appartient l'action guerrière qui sépare la paille et le grain. Mais Jean ne connaît pas l'identité du personnage. Le discours apparaît d'autant plus authentique qu'il ne contient pas d'éléments christologiques, aucune annonce précise en faveur de Jésus.

L'ajout de l'expression « Esprit saint » au baptême du feu vient cependant bousculer le rythme du texte. Elle rompt l'équilibre entre l'eau et le feu. Le discours apocalyptique de Jean va se trouver rapidement en opposition avec le discours du royaume de Dieu que tiendra Jésus. Lorsque celui-ci proposera son propre rituel d'immersion, la rivalité sera établie entre les deux courants prophétiques.

Nous avons vu que l'immersion constituait un rituel qui s'adressait à l'ensemble des fils d'Israël, en vue de rejoindre l'Alliance au terme d'un processus de conversion de vie. La Règle de la Communauté range les membres qui rejoignent « la sainte Congrégation » (traduction également possible : la sainte Église) selon un ordre de préséance. Cette règle s'étend à l'organisation de groupes qui se développent hors de la communauté stricte du désert (voir la constitution des camps : Écrit de Damas XII, 22ss). De nombreux Esséniens vivent donc en dehors de la vie communautaire, tout en appliquant les préceptes de l'Alliance. Le texte de Flavius Josèphe est explicite :

« Il y a une autre sorte d'esséniens qui conviennent avec les premiers dans l'usage des mêmes viandes, des mêmes mœurs et des mêmes lois, et n'en sont différents qu'en ce qui regarde le mariage. Car ceux-ci croient que c'est vouloir abolir la race des hommes que d'y renoncer, puisque si chacun embrassait ce sentiment, on la verrait bientôt éteinte. » (La Guerre des Juifs contre les Romains II, 12)

Les fils d'Israël immergés par Jean retournent à leur existence habituelle tout en constituant des groupes unis. Ces convertis reprennent leur vie dans un esprit nouveau. Le fait que Jean enseigne la doctrine aux volontaires qui viennent à lui met l'Évangile de Luc en concordance avec les manuscrits de Qumrân et le texte de Flavius Josèphe. Jean agit conformément à l'appel eschatologique des Esséniens. Il n'y a aucune raison de penser qu'il est un prophète isolé quand il agit comme un maître essénien, suivant la même doctrine et dans un même espace géographique. Ajoutons qu'il serait paradoxal que dans de telles circonstances les Esséniens ne se manifestent pas.

Jean professe un enseignement qui conduit à l'immersion comme signe visible de la rémission des péchés. L'Évangile de Luc rapporte que ceux qui viennent vers Jean l'appellent « Maître » (Rabbi). Ils reconnaissent une relation de maître à disciple qui correspond à ce que nous savons par ailleurs : Jean avait des disciples.

La composition chrétienne

Mc I, 2-8 Présentation altérée de Jean

Comme il est écrit dans le prophète Isaïe : Voici, j'envoie mon ange devant ta face pour préparer ton chemin ; voix qui clame dans le désert : Apprêtez le chemin du Seigneur, rendez droites ses chaussées, Jean le Baptiste vint au désert ; il proclamait un baptême de conversion pour la rémission des péchés. Et tout le pays de Judée et tout Jérusalem sortaient vers lui, ils avouaient leurs péchés et se faisaient immerger par lui dans le cours du Jourdain. Ce Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Et il proclamait : Celui qui est plus fort que moi vient derrière moi, je ne suis pas digne de me baisser pour délier le lacet de ses chaussures ; moi je vous ai immergés d'eau, lui vous immergera d'Esprit saint. » (Mc I, 2-8)

La prophétie - Nous avons là une interprétation chrétienne qui altère les éléments historiques. Le verset 2 vient de Malachie III, 1 et non d'Isaïe. Il s'agit, dans le texte de référence, de l'annonce de l'arrivée de l'Ange (hébreu mal'âki : mon Ange) qui prépare la venue de Yhwh dans son Temple. Yhwh purifie les prêtres, condamne les coupables et invite les fils de Jacob à la conversion. Le verset 3 est tiré d'Isaïe XL, 3. Le poème magnifie le retour de l'exil de Babylone.

Considérons les deux références qui, amalgamées et sorties de leurs contextes, fabriquent une prophétie nouvelle :

« Voici que j'envoie mon Ange ! Il déblayera la route devant moi. » (Ml III, 1ab) « Une voix clame : Frayez dans le désert la route de Yhwh ! Tracez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu ! Que tout vallon soit élevé ! Que toute montagne et toute colline soient abaissées ! Que le saillant devienne uni et que les mamelons deviennent une vallée ! » (Is. XL, 3-4)

Le bout de prophétie tiré de Malachie permet d'introduire l'Ange, c'est-à-dire le messager de Dieu. La prophétie d'Isaïe à elle seule ne porte pas l'idée d'un envoyé de Dieu. Marc crée donc l'amalgame pour fonder sa vision théologique. Jean est censé ouvrir la voie du Seigneur qui est Jésus il est donc l'Ange envoyé par Dieu.

La communauté de Qumrân se fonde sur cette même prophétie d'Isaïe pour justifier son retrait au désert. La voie dans le désert est pour les Esséniens l'étude de la loi promulguée par Moïse et révélée par « l'Esprit saint », source d'inspiration des prophètes. La Règle de la Communauté avertit que dans les temps eschatologiques, « les élus de la bienveillance divine » viendront au désert pour y frayer la voie de Dieu (Règle VIII, 13), ce que, précisément, Jean le Baptiste les appelle à accomplir. Plusieurs traditions évangéliques indépendantes placent l'activité de Jean dans « le désert », c'est-à-dire sur les rives du Jourdain. La région de la basse vallée intègre le mieux les différents indices, en relation avec la communauté de Qumrân.

L'immersion - Chez les Esséniens, la symbolique de l'eau est particulièrement forte. L'institution de l'Alliance est ainsi imagée : « Ils forèrent un puits aux eaux abondantes, et qui méprise ces eaux ne vivra pas. » (Écrit de Damas III, 17) Le manuscrit explique : « Le puits, c'est la Loi. » (Ibid. VI, 4 (voir chapitre « retour en Galilée » le dialogue de Jésus avec la Samaritaine Jn IV, 5-30) La conversion de vie à une justice scrupuleuse constitue la condition absolue pour l'immersion. La Règle de la Communauté dit de celui qui n'y satisfait pas : « Parmi les parfaits il ne sera pas compté. Il ne sera pas absous par les expiations ni purifié par les eaux lustrales ni sanctifié par les mers et les fleuves ni purifié par toutes les eaux de lavage. Impur, impur il sera tout le temps qu'il méprisera les ordonnances de Dieu. » (Règle II, 3-5) Quant à celui qui y satisfait : « C'est par l'Esprit saint de la Communauté, dans sa vérité qu'il sera purifié de toutes ses iniquités et c'est par l'Esprit de droiture et d'humilité que sera expié son péché. Et c'est par l'humilité de son âme à l'égard de tous les préceptes de Dieu que sera purifiée sa chair, quand on l'aspergera avec l'eau lustrale et qu'il se sanctifiera dans l'eau courante. » (Ibid. III, 7-9 On retrouve parfaitement ce que Flavius Josèphe dit du baptême de Jean. En outre, la dernière phrase précise que le bâtisseur intervient physiquement dans l'immersion.

Les Esséniens pratiquaient très régulièrement des bains rituels de purification. Mais le bain d'entrée dans l'Alliance était unique, de même que le baptême de Jean marqué par l'imminence du jugement céleste. Les ordonnances de la Communauté traitent largement des cas d'exclusion. Dans les cas graves, celui qui a purgé son temps de bannissement est interdit de rituel de purification pendant une année encore (Règle VII, 18b-21). Mais il n'est dit nulle part qu'il devra être baptisé une seconde fois.

Le Règlement de la Guerre nous donne une idée de ce à quoi voulaient échapper ceux qui venaient pour être immergés par Jean : « Et au jour où tomberont les Kittim, il y aura une bataille et un rude carnage en présence du Dieu d'Israël ; car ce sera le Jour fixé par lui dès autrefois pour la guerre d'extermination des fils de ténèbres. En ce jour s'approcheront pour un immense carnage la congrégation des dieux et l'assemblée des hommes. Les fils de lumière et le lot des ténèbres combattront ensemble pour la puissance de Dieu parmi le bruit d'une immense multitude et les cris des dieux et des hommes, au Jour du malheur. Et ce sera un temps de détresse pour tout le peuple racheté par Dieu ; et parmi toutes leurs détresses il n'y en aura pas eu de pareille à celle-là depuis qu'elle se sera déclenchée jusqu'à ce qu'elle se soit achevée pour faire place à la rédemption définitive. Et au jour où ils combattront contre les Kittim, il les sauvera du carnage en ce combat. » (Règlement Y, 9d-13a)

L'immersion de Jean le Baptiste « pour la rémission des péchés », telle qu'on la trouve dans Marc, a déjà perdu son sens pour Matthieu qui renvoie l'expression à la dernière Cène : « C'est mon sang, celui de l'Alliance, répandu pour beaucoup en rémission des péchés. » (Mt XXVI, 28) Lorsque l'Évangile de Matthieu est finalement composé, la guerre contre les Juifs a eu lieu, mais ce sont les Romains qui ont emporté la victoire définitive. Le discours apocalyptique de Jean a perdu tout de son actualité.

Nous venons de voir que le manuscrit de La Règle de la Communauté que le volontaire qui rejoint l'Alliance est purifié de ses injustices « par l'Esprit saint », tandis que son corps est purifié par l'immersion. Dès lors où nous convenons que le baptême Essénien correspond à un rituel de pardon dont l'Esprit saint constitue la cause efficiente, nous comprenons que le rôle de « celui qui est plus fort » est tout autre. Il ne s'agit pas pour lui de distribuer l'Esprit saint, mais d'enflammer la terre pour faire la part des bons (et des repentis) et des méchants.

La présentation de Jean Baptiste

Marc est la seule source à présenter Jean « vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins. » (Mt III, 4 reprend Mc 1, 6) On a l'impression que Marc déguise le Baptiste en prophète. Zacharie désigne « le manteau de poil » comme le vêtement caractéristique des prophètes (Za XIII, 4). Le prophète Élie est décrit de la sorte dans le Livre des Rois : « C'était un homme porteur d'une pelisse et il avait une ceinture de peau autour des reins. » (2 R I, 8). Nous verrons plus loin que Marc présente Jean comme possédé par l'esprit d'Élie (Mc IX, 11-13). Le parallèle en Matthieu est explicite à propos d'Élie : « Les disciples comprirent que Jésus leur parlait de Jean le Baptiste. » (Mt XVII, 10-13). Le retour d'Élie fait référence à la prophétie de Malachie : « Voici que, moi, je vous envoie le prophète Élie avant que vienne le jour de Yhwh, jour grand et terrible. » (Ml III, 23).

On note qu'il y a une ambiguïté sur le sens « manteau de poil ». Le terme « manteau » est sous-entendu par Marc ; si bien que l'expression en elle-même signifie : celui qui a des poils. Nous sommes donc invités à faire un autre rapprochement, avec Esaü, le jumeau de Jacob : « Esaü était roux, tout semblable à un manteau de poil. » (Gn XXV, 25) Esaü était donc roux comme une pelisse en poil de chameau. Marc suggère que la relation de préséance Jean-Jésus a connu le même renversement que la relation Esaü-Jacob. Nous savons en effet que Jacob ravit le droit d'aînesse et la bénédiction d'Isaac à son frère Esaü et qu'il devint de ce fait l'héritier des promesses divines (Gn XXVII). Marc dépeint Jean le Baptiste comme un prophète possédé par l'esprit d'Élie, mais à qui la préséance devant Dieu est ravie par Jésus. En tant que lévite et en tant qu'Essénien, je pense que Jean devait être simplement vêtu de la tunique de lin blanc.

Dans quelle intention Marc ajoute-t-il que Jean « mangeait des sauterelles et du miel sauvage » ? Alors que l'accoutrement de Jean nous apparaît comme une composition de Marc, son régime reprend les nourritures communes aux gens du désert et aux Esséniens en particulier. Les mets de Jean ne se limitaient certainement pas aux sauterelles et au miel sauvage. On est amené à penser que Marc, qui écrit à Rome pour un auditoire romain, présente Jean de telle façon qu'il ne puisse pas être le modèle à suivre. On note qu'il introduit le Baptiste d'une façon quelque peu dédaigneuse : « Ce Jean... »

L'immersion de Jésus par Jean

Mc I, 9-11 / Mt III, 13-17 / Lc III, 21-22 / Jn I, 29-34

L'Église primitive a cherché à justifier l'immersion à laquelle Jésus s'est soumis. Elle témoignait de sa position d'infériorité par rapport à Jean et le plaçait, lui-même, dans une démarche de repentir pour la rémission de ses péchés. Cette situation paradoxale, pour la théologie chrétienne, constitue un élément majeur pour établir l'authenticité de l'événement.

« En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth de Galilée et il fut immergé par Jean dans le Jourdain. Aussitôt en remontant des eaux il vit les cieux se fendre et l'Esprit descendre vers lui comme une colombe. Et une voix vint des cieux : Tu es mon fils, l'aimé dont je suis content. » (Mc I, 9-11)

Marc passe rapidement sur l'événement. Il introduit une théophanie, sous la forme d'une colombe, et la proclamation céleste de la filiation divine de Jésus. D'un côté, il fait oublier que l'immersion est le signe du repentir pour la rémission des péchés, de l'autre, il justifie le baptême d'un point de vue théologique.

Marc utilise le Psaume messianique pour sa composition. Il n'écrit certes qu'un verset ; mais les auditeurs, qui ne méconnaissent pas Les Psaumes, entendent les vers qui suivent : « Yhwh m'a dit : Tu es mon fils, c'est moi qui t'ai engendré aujourd'hui ! Demande-moi et je te donnerai les nations en héritage et les confins de la terre en possession. Tu les briseras avec un sceptre de fer, tu les casseras comme un vase de potier. » (Ps II, 7-9) Le sens apocalyptique de la reconnaissance par Jean de « celui qui vient » est sauvegardé.

Marc crée l'amalgame avec le poème du serviteur extrait du Livre d'Isaïe, par lequel Yhwh proclame son amour envers celui qu'il a élu pour imposer le jugement sur la terre : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît. J'ai mis mon esprit sur lui. » (Is XLII, 1)

« Alors de Galilée Jésus arrive au Jourdain près de Jean pour être immergé par lui. Mais Jean l'empêchait : J'ai besoin d'être immergé par toi et c'est toi qui viens à moi ? Jésus lui répondit : Laisse, pour l'instant, il convient que nous remplissions ainsi toute justice. Alors il laisse. Sitôt immergé, Jésus remonta des eaux et voilà que les cieux s'ouvrirent ; il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir vers lui, et voilà que des cieux, une voix dit : Celui-ci est mon fils, l'aimé dont je suis content. » (Mt III, 13-17)

Matthieu reprend Marc et complète la théophanie par un avertissement dont le but est de justifier l'inversion théologique. C'est désormais Jean qui est témoin de la théophanie et non plus Jésus lui-même. Dès lors, Jean reconnaît Jésus comme celui qui est « plus fort » que lui.

« Comme tout le peuple se faisait immerger et que Jésus, immergé lui aussi, priait, voilà que le ciel s'ouvrit, l'Esprit saint descendit sur lui sous un aspect corporel comme de colombe, et une voix vint du ciel : Tu es mon fils, l'aimé dont je suis content. » (Lc III, 21-22) Luc résout le problème du baptême de Jésus en évacuant Jean. Il le met en prison avant d'évoquer l'immersion du Nazaréen (Lc III, 19-20). L'importance du baptême est très minorée. Jésus se fait immerger comme tout le monde. Puis, Luc reprend la théophanie de Marc.

« Le lendemain Jean regarde venir Jésus et il dit : Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. C'est lui dont je disais : Derrière moi vient un homme qui me dépasse, car il était avant moi. Moi non plus je ne le connaissais pas, mais c'est pour qu'il se manifeste à Israël que je suis venu immerger dans l'eau. Et il attesta : J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Moi non plus je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé immerger dans l'eau m'a dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui immerge dans l'Esprit. Et moi j'ai vu et j'atteste qu'il est le Fils de Dieu. » (Jn I, 29-34)

Tour à tour, chaque évangile ajoute sa propre contribution en vue d'atténuer la question sensible. Finalement, Jean le Baptiste témoigne que Jésus est celui qu'il attendait en vue du déroulement du plan de Dieu. Le fait qu'il présente Jésus comme « celui qui enlève le péché du monde » n'est pas en contradiction avec les événements eschatologiques attendus. Sauf que l'on attend du fils de David qu'il enlève les péchés par le fer et par le feu ! Jean choisit de ne pas parler de l'immersion de Jésus parce que la christologie qu'il élabore n'autorise pas que celui qui incarne « la Parole de Dieu » soit de quelques façons soumises à Jean. La théophanie est inversée par rapport à celle de Marc. La voix céleste, de l'évangéliste, introduit Jésus comme « Fils de Dieu » auprès de Jean le Baptiste. Puisque Jean est témoin, que diront ses disciples ?

La composition de Jean se justifie mieux si l'on comprend la rivalité qui oppose la communauté johannique à la communauté baptiste. Elle met une touche finale à une composition théologique qui impose Jésus porteur de sa propre mission au détriment de Jean et de son attente apocalyptique.

Nous sommes amenés à penser que Jésus acceptait Jean comme son maître quand il fut volontaire pour recevoir l'immersion de ses mains. Jean ne lui a accordé la faveur du baptême que parce qu'il était assuré de la droiture de son cœur. Jésus connaissait la prophétie eschatologique proclamée par Jean. Il y adhérait donc. Il considérait donc que l'histoire d'Israël, telle que les écrits bibliques la rapportaient et que le peuple la vivait encore dans le présent, était achevée. Il jugeait lui-même que les fils d'Israël ne se soumettaient pas à la conduite juste que Dieu attendait d'eux. Les Romains, qui occupaient la Terre sainte, contribuaient à augmenter les péchés d'Israël. Le Jour du Seigneur annoncé par Jean serait celui du baptême par le feu ! Les fils de lumière et les fils des ténèbres seraient discernés par Dieu comme l'or est purifié dans le creuset. Ceux qui se convertiraient à la justice de la loi de Moïse « de tout leur cœur et de toute leur âme », fussent au dernier instant, seraient épargnés lors du jugement. L'immersion de Jean et l'entrée dans l'Alliance du Seigneur constituaient l'unique garantie des fils d'Israël qu'ils seraient sauvés.

Jésus a-t-il considéré qu'il avait péché, volontairement ou involontairement, et qu'il devait faire acte d'allégeance ? Il participa, dans sa propre individualité, à la grandiose liturgie de la confession des péchés : « Et tous ceux qui décident d'entrer dans la règle de la Communauté passeront dans l'Alliance en présence de Dieu, s'engageant à agir selon tout ce qu'il a prescrit et à ne pas s'en retourner loin de lui sous l'effet d'une peur ou d'un effroi ou d'une épreuve quelconque, s'ils étaient tentés par l'empire de Bélial. Et, quand ils passeront dans l'Alliance, les prêtres et les lévites béniront le Dieu des délivrances et toutes ses œuvres de vérité. Et tous ceux qui passent dans l'Alliance diront après eux : Amen ! Amen ! Et les prêtres narreront les exploits de Dieu en ses œuvres puissantes, et ils proclameront toutes les grâces de la miséricorde divine à l'égard d'Israël. Et les lévites narreront les iniquités des fils d'Israël et toutes leurs rebellions coupables et leurs péchés commis sous l'empire de Bélial. Et tous ceux qui passent dans l'Alliance feront leur confession après eux en disant : Nous avons été iniques, nous nous sommes révoltés, nous avons péché, nous avons été impies, nous et nos pères avant nous, en allant à l'encontre des préceptes de vérité. Et juste est Dieu, qui a accompli son jugement contre nous et contre nos pères. Mais sa gracieuse miséricorde, il l'exerce envers nous depuis toujours et à jamais ! » (Règle I, 16-II, 1)

Jésus reconnut qu'il était membre de ce peuple dont il partageait solidairement le péché, depuis les temps anciens jusqu'à ce jour du baptême. Il entra « dans l'Alliance de Dieu en présence de tous les volontaires » et il s'engagea lui-même « par un serment d'obligation, à se convertir à la loi de Moïse, selon tout ce qu'il a prescrit, de tout son cœur et de toute son âme, suivant tout ce qui est révélé d'elle aux fils de Sadoq, les prêtres qui gardent l'Alliance et recherchent sa volonté, ainsi que la majorité des membres de leur Alliance, ceux qui sont volontaires en commun pour sa vérité et pour marcher dans sa volonté. » (Règle V, 8-10)

Jésus s'est alors engagé « à se séparer de tous les hommes pervers qui vont dans la voie de l'impiété. » (Règle V, 8-11a) Le retrait de Jésus au désert, doit-il être on comprit dans ce sens c'est-à-dire à Qumrân dans la Communauté des saints ? (Mc I, 13). Le volontaire qui rejoint l'Alliance peut choisir de se retirer au désert ou de revenir à la vie commune. Il fait alors partie de l'ordre monacal ou de l'ordre séculier de la congrégation Essénienne qui sont évoqués par Flavius Josèphe. Mais quelle que soit leur vocation, ils quittent l'Alliance pervertie pour rejoindre l'Alliance nouvelle de Dieu en vue d'accomplir la volonté divine et de se garder du mal, dans la perspective de la fin des temps annoncée par Jean.

Jésus dans ce cas ne semble pas avoir bien conscience de sa propre mission lorsqu'il reçoit l'immersion de Jean. Il se présente comme un disciple du Baptiste. Mais sa retraite au désert sera vécue négativement, comme une tentation de Bélial. Ce qui laisse supposer un renversement de pensée de sa part. Quant à Jean, il n'a pas idée de la personnalité de Jésus. Il lui fera poser plus tard la question : « Es-tu celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt XI, 3)

Le disciple de Jean à contradicteur

Jésus disciple -

Les Évangiles occultent la Communauté de Jean le Baptiste et, a fortiori, l'adhésion de Jésus à celle-ci. Nous voyons cependant qu'André était disciple du Baptiste, ainsi que Jean (qui dissimule toujours sa propre identité et celle des gens de sa famille) (Jn I, 35, 40). La suite du récit évangélique laisse penser que Pierre, Philippe et Nathanaël (Barthélemy) étaient également disciples du Baptiste. Les Actes des Apôtres rapportent que lorsqu'il fallut remplacer Judas, pour compléter le cercle des Douze, Pierre posa le principe qu'il fallait intégrer quelqu'un qui fut disciple de Jésus « depuis le baptême de Jean » (Ac I, 22). Ce qui laisse à penser que, tout comme Jésus, les Douze furent tous disciples du Baptiste avant de se rallier à lui.

Si Jean, l'évangéliste, fut bien un disciple de Jean le Baptiste, il est probable que certains membres de la première génération de la communauté johannique venaient également du mouvement baptiste. L'évangéliste ne pouvait donc pas nier que Jésus fut un disciple du Baptiste. Mais fort est de constater qu'il évite toutefois de le dire clairement. Chez Jean, Jésus n'arrive pas de Galilée, comme chez Marc. Dès le premier chapitre, Jésus apparaît publiquement, l'infériorité de Jean le Baptiste est relier est marquée par rapport à la mission majeure de Jésus : « Jean n'était pas la lumière mais le témoin de la lumière. » (Jn I, 8) On comprend que l'Évangile s'adresse à des disciples de Jésus restés fidèles au maître Essénien exécuté par Hérode Antipas. Ils lui vouent une vénération qui, selon Jean, doit être réservée à Jésus exécuté à son tour par Ponce Pilate. La difficulté théologique de l'Évangile johannique vient du fait que les disciples de Jésus ont préalablement été disciples de Jean baptiste et qu'ils n'ont rencontré Jésus que parce que lui-même était au nombre des disciples de Jean baptiste.

Jésus est-il le contradicteur -

Parce qu'il s'adresse à une communauté issue du mouvement baptiste, Jean, l'évangéliste, ne peut occulter le fait que Jésus se posa en rival de Jean le Baptiste : « Jésus vint avec ses disciples dans le pays de Judée et s'y attardait à immerger avec eux. Jean immergeait aussi, à Aïnôn, près de Salim. » (Jn III, 22-23) Il ne faut pas croire que Jésus aurait reçu quelque mandat de Jean Baptiste pour l'aider à baptiser les foules. Non ! Jésus s'oppose clairement à la prédication de Jean. Il s'adresse nuitamment à Nicodème en ces termes : « Dieu n'a pas envoyé le Fils en ce monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn III, 17) Le baptême qu'il prodigue répond à un discours eschatologique tout autre que celui de Jean. Il ne faut pas attendre un jugement de Dieu par la guerre et par le feu, comme le clame Jean Baptiste, mais une conversion du monde par l'amour.

Jésus introduit une espérance différente de celle de Jean le Baptiste ce dernier s'inscrit dans une vision apocalyptique (influencée par le zoroastrisme). Le monde connaîtra une régénération surnaturelle après que les ténèbres auront été vaincues par les saints d'Israël, les fils de lumière appuyés par les armées célestes. La paix sera précédée d'une grande guerre et d'un déluge de feu. Jésus lui se situe dans la ligne messianique et pacifique des vieux prophètes bibliques. Il possède la puissance divine pour régénérer la société des hommes. Le règne de Dieu s'ouvre ici et maintenant. Nul n'y entre sans pratiquer la non-violence ou l'amour absolu. Ces deux conceptions ne sont pas toujours aussi claires. Jésus fait aussi référence au Livre de Daniel lorsqu'il se nomme lui-même « Fils de l'Homme ». Mais il faut comprendre que les disciples du Baptiste ont exercé une grande influence sur l'Église primitive et, par conséquent, sur la rédaction des évangiles.

Le baptême pratiqué par Jésus constitue donc une grave difficulté. À la suite d'une contestation avec « un Juif », les disciples de Jean rapportent à leur maître : « Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain et à qui tu as rendu témoignage, voilà qu'il immerge et tous vont à lui. » (Jn III, 26) Quel que soit l'arrangement rhétorique par lequel l'évangéliste pose le problème et le résout, Jésus est maintenant sur une tout autre vision que Jean, qui lui a accordé le baptême. Non seulement Jésus immerge à son tour, mais il fait des disciples à partir d'un discours différent de celui de Jean.

L'Évangile de Jean contourne la difficulté en ajoutant : « Bien que ce ne fût pas Jésus qui immergeât mais ses disciples. » (Jn V, 2) Ce complément est en contradiction avec l'ensemble du récit qui le précède et qui, nous venons de le voir, pose problème aux disciples de Jean le Baptiste. La critique littéraire démontre que la particularité stylistique du verset 2 signe l'ajout d'un rédacteur soucieux de dissimuler si ce n'est la rivalité, la différence de Jésus et de Jean Baptiste.

De même que l'Évangile de Jean occulte le baptême de Jésus par Jean le Baptiste, les Évangiles synoptiques occultent le baptême pratiqué par Jésus. Nous finissons cependant par découvrir que Jésus fut disciple de Jean avant de s'écarter du maître Essénien. Il amena d'autres disciples avec lui et pratiqua un baptême « concurrent » qui symbolisait l'accueil des convertis dans le royaume de Dieu.

La question de l'origine de l'immersion

Mc XI, 27-33

Jésus et les disciples reviennent à Jérusalem. Comme il marchait dans le temple, les grands prêtres, les scribes, les anciens viennent à lui ; ils lui disent : Par quel pouvoir fais-tu cela ? Ou qui t'a donné le pouvoir de le faire ? Jésus leur dit : Je vais vous poser une question ; répondez-moi et je vous dirai par quel pouvoir je fais cela. L'immersion par Jean était-elle du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. Ils se faisaient ce raisonnement : Si nous disons : Du ciel, il va dire : Pourquoi ne vous y êtes-vous pas fiés ? Mais si nous disons : Des hommes ? Ils craignaient la foule, car tous tenaient Jean pour vraiment prophète. Et ils répondent à Jésus : Nous ne savons pas. Et Jésus leur dit : Moi non plus je ne vous dis pas par quel pouvoir je fais cela. » (Mc XI, 27-33)

Face à des prêtres de Jérusalem, Jésus se défend en faisant un parallèle de son propre dessein avec celui de Jean le Baptiste. Le choix de la défense est étonnant. Jésus se compare à Jean en tant que prophète eschatologique. Comme lui, il immerge les volontaires en vue de la fin des temps. Il agit, porteur d'une semblable autorité. On peut penser, qu'après la mort de Jean, l'immersion de Jésus a reçu un supplément de puissance du fait que de nombreux baptistes le rejoignaient. La pratique de l'immersion, après avoir marqué la rivalité entre les deux prophètes, constitue désormais un lien. La réponse de Jésus est ambiguë parce que ce rituel ne s'inscrit pas dans une perspective eschatologique semblable.

Le prophète Jean

Deuxième ensemble

Mt XI, 2-12, 16-19 // Lc VII, 18-35 ; XVI, 16

Et Jean dans sa prison entendit les œuvres de Jésus ; il lui envoya dire par ses disciples : Es-tu celui qui vient ? Ou si nous en attendons un autre ? Jésus lui répondit : Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts se relèvent, les pauvres sont évangélisés. Et magnifique celui que je ne scandalise pas !

Comme ils s'en allaient, Jésus commença à dire aux foules au sujet de Jean : Qu'est-ce que vous êtes sortis regarder au désert ? Un roseau agité par le vent ? Mais qu'est-ce que vous êtes sortis voir ? Un homme habillé en délicat ? Voyons ! Ceux qui portent du délicat sont dans les maisons de rois. Mais qu'est-ce que vous êtes sortis voir ? Un prophète ? Oui je vous le dis, et plus qu'un prophète. C'est de lui qu'on a écrit : Voici, j'envoie mon ange devant ta face, il préparera ton chemin devant toi. Oui je vous le dis, de ceux qui sont nés de femmes il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean Baptiste. Pourtant le plus petit dans le règne des cieux est plus grand que lui.

Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu'à maintenant, le règne des cieux est violenté, et les violents s'en emparent. » (Mt XI, 12) « Mais à quoi comparer cette génération ? Elle est pareille à des enfants assis dans les marchés et qui disent en interpellant les autres : Nous avons joué de la flûte et vous n'avez pas dansé. Nous avons gémi et vous ne vous êtes pas lamentés. Car Jean est venu, il ne mangeait ni ne buvait, et on dit : il a un démon. Le fils de l'homme est venu, il mange et boit et on dit : Voyez le glouton, l'ivrogne, l'ami des percepteurs et des pécheurs. Mais la sagesse a été justifiée par ses œuvres. » (Mt XI, 16-19)

« Jean fut informé de tout cela par ses disciples. Il appela deux de ses disciples et les envoya dire au Seigneur : Es-tu celui qui vient ? Ou si nous en attendons un autre ? Arrivés auprès de lui, les hommes lui dirent : Jean le Baptiste nous envoie te dire : Es-tu celui qui vient ? Ou si nous en attendons un autre ? À l'heure même, il soigna beaucoup de gens de maladies, de calamités, d'esprits mauvais et rendit la vue à beaucoup d'aveugles. Puis il répondit aux envoyés : Allez annoncer à Jean ce que vous avez vu et entendu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts se relèvent, les pauvres sont évangélisés. Et magnifique celui que je ne scandalise pas.

Quand les messagers de Jean s'en furent allés, Jésus commença à dire aux foules, au sujet de Jean : Qu'est-ce que vous êtes sortis regarder au désert ? Un roseau agité par le vent ? Mais qu'est-ce que vous êtes sortis voir ? Un homme habillé de vêtements délicats ? Voyons ! Ceux qui vivent en vêtements d'honneur et dans la mollesse sont dans les palais ! Mais qu'est-ce que vous êtes sortis voir ? Un prophète ? Oui je vous le dis, et plus qu'un prophète. C'est de lui qu'on a écrit : Voici, j'envoie mon ange devant ta face, il préparera ton chemin devant toi. Je vous le dis, de ceux qui sont nés de femmes, il n'y a pas de plus grand que Jean. Pourtant le plus petit dans le règne de Dieu est plus grand que lui. » (Lc VII, 18-28)

« Jusqu'à Jean, c'était la Loi et les Prophètes ; depuis lors, le règne de Dieu est annoncé et chacun lui fait violence. » (Lc XVI, 16)

La réponse de Jésus aux disciples de Jean - Les disciples de Jean demandent à Jésus s'il est celui dont la venue est annoncée dans la perspective de la fin des temps. La forme de la question laisse entendre que les disciples n'ont pas plus idée que Jean de celui qui, porteur de « la colère de Dieu », sera l'agent de l'immersion par le feu, c'est-à-dire du jugement. L'imminence du jour de Dieu donne à Jean, prêtre et maître de justice, l'autorité temporelle sur celui qui est attendu comme « la main de Dieu ». Il se trouve que, par quelque mystère divin, Jean se trouve enfermé dans la prison de Machéronte. Il y a donc une certaine urgence pour les envoyés de Jean à connaître la réponse de Jésus.

Celle-ci est ambiguë. Elle garde la part de réjouissance des versets du Livre d'Isaïe, mais elle tait la part d'épouvante : « En ce jour-là les sourds entendront les paroles du livre et, sortant de l'obscurité et des ténèbres, les yeux des aveugles verront. Les humbles concevront une joie accrue en Yhwh et les indigents parmi les humains exulteront à cause du Saint d'Israël. Car le tyran touchera à sa fin, le moqueur disparaîtra et tous ceux qui font le gué de l'iniquité seront retranchés. » (Is XXIX, 18-20)

« Dites aux cœurs affolés : soyez forts, ne craignez pas ! Voici votre Dieu ! Il amène la vengeance, les représailles de Dieu, c'est lui qui l'amène et qui vous sauvera. Alors se dessilleront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds s'ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la langue du muet poussera des acclamations. » (Ibid. XXXV, 3-6 Les disciples de Jean, qui reçoivent la réponse de Jésus, peuvent l'entendre selon l'intégralité des prophéties d'Isaïe. Pourtant, Jésus choisit d'éliminer la part de la vengeance. Cette part qui correspond précisément à l'action que Jean attend de celui qui vient ! Les actes miraculeux accomplis par Jésus correspondent bien aux signes de la fin des temps. Mais ce ne sont pas véritablement ceux-là que « la main de Dieu » doit réaliser. Nous connaissons le terrible contraste du discours eschatologique de Jean : le malheur pour les uns, le bonheur pour les autres. Jésus donne à son ancien maître une réponse ambiguë qui reste à déchiffrer. Il n'y aura pas de réplique de Jean.

Jésus fait l'éloge de Jean - Si Jean est « plus qu'un prophète », la question se pose : qui est-il ? La réponse de Jésus donnée par l'évangéliste n'est pas une énigme pour ceux qui l'ont connu. Elle le devient pour les générations suivantes. C'est une façon d'accorder aux uns ce que l'on cache aux autres. J'ai tenté d'y répondre en élaborant la probabilité que Jean fût un maître de justice Essénien.

Le texte de Matthieu issu de la Source de Logia reprend le prophète Malachie : « Voici que j'envoie mon ange ! Il déblayera la route devant moi et soudain arrivera dans son Temple le Seigneur que vous réclamez et le roi de l'Alliance que vous désirez, voici qu'il arrive. » (Ml III, 1) La prophétie rappelle Ex. XXIII, 20. On voit que le scribe qui a introduit la référence a judicieusement modifié la prophétie : « Devant moi » devient « devant toi » pour faire que la prophétie désigne Jésus (chez Malachie il y a seulement l'Ange et Dieu ; ici, il y a Jean, Jésus et Dieu)

Pourtant l'éloge de Jean est aussitôt renvoyé en un temps dépassé. Jésus dit que tout homme ou toute femme qui est entré dans le « royaume de Dieu » est plus grand que Jean, c'est-à-dire qu'il pénètre dans un ordre de grandeur tout autre. Jean est le dernier des prophètes des temps bibliques. Tandis que Jean clôt l'ancienne Alliance, Jésus inaugure le royaume de Dieu qui participe de la nouvelle Alliance (reprise du concept Essénien).

Le royaume, qui constitue l'annonce de Jésus, réalise un état d'âme particulier chez ceux qui y entrent et y participent. Bien qu'il soit du domaine de l'Esprit, le royaume est visible dans le monde par les œuvres de l'amour et de la foi. En ce sens Jésus peut dire que le royaume subit des violences ici et maintenant. Le péché contre l'Esprit heurte le royaume.

La parabole des gamins sur la place - Le sens premier de la parabole semble celui-ci : une partie des enfants veut jouer à la noce, tandis qu'une autre partie veut jouer aux funérailles. Aucune des deux parties ne cède à l'autre, si bien que chacune joue sa propre scène. Le sens second est celui-ci : Jésus s'adresse à l'ensemble des fils d'Israël. Jean est venu avec son message du jour du jugement. Le peuple l'a trouvé trop lugubre avec son ascétisme et n'a pas voulu le rejoindre. Jésus est perçu au contraire comme un épicurien. Mais son message du royaume de Dieu ne trouve pas davantage de succès. Ni Jésus, ni Jean n'ont modifié leur message pour plaire au peuple. La parabole introduit un parallèle antithétique entre les deux prophètes.

Jean le Baptiste ne mena pas à son terme le dessein qui le possédait, d'abord, parce qu'il fut emprisonné et exécuté ; mais surtout, parce que l'ensemble du peuple ne partageait ni le mode de vie ni la vision apocalyptique des Esséniens. « Leur nombre est de plus de quatre mille », nous dit Flavius Josèphe (Histoire ancienne des Juifs XVIII, 2).

Jésus ne pratiquait pas une ascèse normative. Il aggravait son cas en fréquentant les pécheurs qui rejetaient volontairement les commandements divins. Pire, il leur ouvrait la porte du « royaume de Dieu », au seul regard de la foi qu'ils affirmaient en sa parole, sans leur imposer de rituel de repentir conformément à la loi de Moïse.

La question d'Élie

Et ils le questionnèrent, ils dirent : Pourquoi les scribes disent-ils qu'Élie doit venir d'abord ? Il leur dit : Oui, Élie vient d'abord rétablir tout. Comment donc a-t-on écrit du fils de l'homme qu'il doit beaucoup souffrir et être méprisé ? Mais je vous le dis, Élie aussi est venu, et ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu, comme on l'a écrit de lui. » (Mc IX, 11-13)

« Les disciples lui demandèrent : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Élie doit venir d'abord ? Il répondit : Oui, Élie vient et il va tout rétablir, mais je vous dis qu'Élie est déjà venu et, au lieu de le reconnaître, ils lui ont fait ce qu'ils ont voulu. De même ils vont aussi faire souffrir le fils de l'homme. Alors les disciples comprirent qu'il leur parlait de Jean le Baptiste. » (Mt. XVII, 10-13)

Matthieu met les points sur les i. Dans le deuxième ensemble de la Source de Logia que nous avons vu plus haut, il intercale l'affirmation avec insistance : « Et si vous voulez savoir, il est Élie qui va venir. Entende qui a des oreilles ! » (Mt XI, 14-15)

La prophétie de Malachie annonce la venue d'Élie : « Voici que, moi, je vous envoie le prophète Élie avant que vienne le jour de Yhwh, jour grand et terrible. » (Ml III, 23) Le rôle d'Élie est compris comme devant appeler les fils d'Israël à se repentir de leurs péchés et à s'attacher avec justice à la loi de Moïse : « Il ramènera le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper d'anathème le pays. » (Ibid. III, 24) Élie offre la dernière chance.

Luc compose le rôle de Jean dans l'annonce de l'ange à Zacharie : « Et il retournera beaucoup de fils d'Israël vers le Seigneur leur Dieu. Lui-même le précédera avec l'esprit et la puissance d'Élie pour retourner le cœur des pères vers les enfants, les indociles, vers le bon sens et la justice, et pour apprêter au Seigneur un peuple préparé. » (Lc I, 16-17)

Il ne peut y avoir de discours eschatologique crédible qui n'intègre pas la venue du prophète Élie. Tel est le sens de la question des disciples de Jésus. Le rapprochement entre l'ange de Malachie, qui déblaye la route devant Dieu, et la voix d'Isaïe, qui crie de frayer dans le désert la route du Seigneur, désigne Jean le Baptiste comme celui qui assume sa mission, qui est possédée de son esprit.

L'Évangile de Jean vient troubler ce consensus. Il met en scène des prêtres et des lévites de Jérusalem envoyés par les Juifs. Aux questions qui lui sont posées, Jean le Baptiste répond qu'il n'est pas le christ, qu'il n'est pas Élie, qu'il n'est pas davantage le prophète (selon Dt XVIII, 15). La théologie johannique tardive ne veut reconnaître à Jean le Baptiste aucune autre mission que celle de témoigner que Jésus est le Fils de Dieu. Plus que tout autre, l'Évangile de Jean a pu rallier le Baptiste à la cause chrétienne. La main du dernier scribe n'avait plus à se garder du témoignage des premiers disciples du Baptiste.

A la mort de Jean, la question s'est posée de savoir si Jésus n'était pas à son tour possédé de l'esprit de Jean et, par conséquent, de celui d'Élie : « Le roi Hérode (Antipas) l'entendit, car le nom de Jésus devenait manifeste, et il disait : Jean le Baptiste s'est relevé d'entre les morts et c'est lui qui fait des miracles. D'autres disaient : C'est Élie. D'autres disaient : C'est un prophète comme les prophètes. » (Mc VI, 14-16) De même : « Et en chemin il questionnait ses disciples, il leur disait : Qui suis-je, au dire des hommes ? Ils lui dirent : Jean le Baptiste ; pour d'autres, Élie, pour d'autres, un des prophètes. » (Mc VIII, 27-28) Ni pour Hérode Antipas ni pour les disciples il ne s'agit pas d'une réincarnation, puisque Jean et Jésus furent contemporains. Il s'agit d'un phénomène de possession. Tout comme à la mort d'Élie, son esprit reposa sur son disciple Elisée (2 R II, 15).

Les Actes des Apôtres (et l'auteur de Marc XVI) ont repris l'image biblique. L'élévation de Jésus dans les cieux rappelle celle d'Élie et, à la Pentecôte, les « apôtres » seront possédés par l'esprit du Christ comme Elisée le fut de celui d'Élie. Et pour les chrétiens, ce n'est plus Élie, mais le Christ qui est désormais attendu avant « le jour grand et terrible ».

L'exécution de Jean

Mc VI, 17-29

Car Hérode avait lui-même envoyé se saisir de Jean et l'avait fait lier en prison à cause d'Hérodiade, la femme de Philippe son frère, avec laquelle il s'était marié ; car Jean disait à Hérode : Tu n'as pas le droit d'avoir la femme de ton frère. Hérodiade en avait contre lui, elle voulait le tuer et elle ne le pouvait pas, car Hérode craignait Jean, il le savait homme juste et saint, et il le sauvegardait et, tout embarrassé de l'entendre, il l'écoutait avec plaisir.

Il y eut un jour propice quand, pour son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses grands, pour les chefs et les premiers de la Galilée, et que la fille de cette Hérodiade entra, dansa et plut à Hérode et aux convives. Le roi donc dit à la fillette : Demande-moi tout ce que tu veux, je te le donnerai ; et le lui jura : Tout ce que tu demanderas je te le donnerai, même la moitié de mon règne. Elle sortit et dit à sa mère : Qu'est-ce que je vais demander ? Elle dit : La tête de Jean le Baptiste. La fillette s'empressa aussitôt de rentrer chez le roi et demanda : Je veux qu'à l'instant tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. Le roi devint triste mais, à cause des serments et des convives, il ne voulut pas la repousser. Aussitôt le roi envoya un garde en lui commandant d'apporter la tête. L'homme s'en alla décapiter Jean dans la prison, il apporta la tête sur un plat et la donna à la fillette ; la fillette la donna à sa mère. À cette nouvelle, ses disciples vinrent enlever le cadavre et le mirent au tombeau. » (Mc VI, 17-29)

Hérodiade était petite fille d'Hérode le Grand, fille d'Aristobule. Elle épousa en première noce Hérode Philippe 1er, fils d'Hérode le Grand et de Mariamme II. Elle épousa en seconde noce Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand et le Malthaké. Hérode Antipas était donc le demi-frère d'Hérode Philippe 1er. Hérode Philippe 1er et Hérodiade eurent une fille nommée Salomé qui épousa Hérode Philipe II, fils d'Hérode le Grand et de Cléopâtre de Jérusalem (généalogie des Hérodiens selon Arnaud d'Andilly). Toutefois, un certain nombre d'historiens affirment que « Hérode Philippe 1er » n'a jamais été connu que sous le seul nom d'Hérode. En conséquence, ce n'est pas Hérodiade, mais Salomé qui épousa « Hérode Philippe II », également demi-frère d'Hérode Antipas. En ce cas, Marc est dans l'erreur.

Le récit de la mort de Jean composé par Marc ne semble guère revêtir les caractères d'historicité du texte de Flavius Josèphe. Hérode Antipas forme le projet d'épouser Hérodiade. Sa première femme, fille du roi Arétas IV profite d'un voyage à Machéronte (sur la frontière entre le royaume nabatéen et la tétrarchie de son époux) pour rejoindre son père. Pour Flavius Josèphe et les Juifs, la guerre perdue par Hérode Antipas contre Arétas IV est autrement liée à la mort de Jean le Baptiste que pour Marc. Pour celui-ci, Jean est mort pour avoir rappelé à Hérode Antipas les interdictions légales du mariage. Pour celui-là, c'est parce que Hérode Antipas a exécuté Jean qu'il a perdu la guerre contre Arétas IV. La succession des événements n'est pas incompatible. Sauf que si Hérodiade n'a jamais été la femme de « Philippe 1er », la cause avancée par Marc est sans fondement.

Marc nous dit que les festivités d'Hérode Antipas réunissent les principales personnalités de Galilée. Or, la forteresse de Machéronte se situe en Pérée. Jean étant emprisonné à Machéronte, il y a une difficulté à ce que la fête et l'exécution se produisent au même moment dans les deux territoires. Les exégètes ont vu dans la condamnation de Jean par Hérode Antipas, à la demande d'Hérodiade, une évocation de la lutte du prophète Élie contre le roi Achad et sa femme Jézabel telle qu'on peut la trouver dans le Livre des Rois : « Il n'y eut vraiment personne qui se soit vendu comme Achab pour faire ce qui est mal aux yeux de Yhwh. C'est que Jézabel, sa femme, l'avait séduit. » (1 R XXI, 25)


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